Revers d'une désobéissance [with Bael']

[EDIT : Problème de mise en page réglé :p]

« Revers d'une Désobéissance »

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Personnages participants au sujet :

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Leïna Nightfals
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Lieu : Chez la jeune femme (descriptif et plan disponibles dans l'autre Sujet =) )

Moment de la journée : C'est une fin de journée plutôt mouvementé. Prise en filature par la police pendant plusieurs heures, la jeune femme s'en ai finalement débarrassé à quelques dizaines de kilomètres de Riverwood en faisant croire à sa fuite vers un autre état. Il est aux environ de dix-huit heure quarente, et il ne manque plus grand chose avant que les derniers rayons du soleil ne disparaissent totalement.

Temps : Le temps est aussi mauvais que la journée qu'elle a passé ! C'est à dire, pas très recommandable. il pleut à torrent, et quelques secondes dehors suffirait pour subir une bonne douche froide. Il y a également du vent, ce qui rend difficile la sortie pour ceux qui voudraient maitriser un parapluie.

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S'il y avait bien un mot pour définir l'état d'esprit dans lequel la jeune femme venait de pousser la porte de son appartement, c'était instable. A vif de ses dernières péripéties, elle se demandait si les choses étaient encore capables d'empirer ou si elle venait maintenant de toucher le fond. Mais, au moins, il fallait voir le bon côté : une fois au fond, on ne pouvait que remonter. Du moins, c'était ce que l'on racontait. En ce qui concernait l'actrice et en vue de son état, elle se sentait presque capable de creuser. Avait-elle déjà un pied dans la tombe ?... Non, elle avait même déjà passée ce cap. Mais, au moins, elle pouvait voir un point positif : elle n'était pas en enfer. Ou du moins, pas encore. Quoi que, elle trouvait presque un second point : elle se rapprochait de son but initial. Lentement, il est vrai. Mais sûrement : c'était une certitude. Le problème, en fin de compte, n'était plus tellement ses états ou ses impressions. Non, c'était autre chose : garder les faux-semblant. Et ça... inutile de mentir : c'était de plus en plus compliquer. Maintenant, ce n'était pas impossible. Disons que, en fin de compte, elle ne pouvait plus s'autoriser à se perdre dans plusieurs objectifs à la fois et que, quitte à en délaisser certains, elle devrait se concentrer sur son chemin et non sur les décors. Facile à dire... Plus compliquer à réaliser. Surtout pour elle. Surtout en sachant qu'elle ne devrait laisser aucunes pistes, aucuns indices derrière elle. Et pour ça... Elle devrait forcément faire plusieurs choses à la fois. La première étape de son plan avait déjà été réalisé sans encombre. Mais la seconde se promettait d'être bien plus ardus. Et bien, parfait ! Au moins, ça en vaudrait la peine...

La jeune femme claqua la porte d'entrée en poussant cette dernière du pied tout en retirant sa longue veste sombre qu'elle accrocha au porte-manteau. La pluie battant son fort au dehors, quelques gouttes d'eau se mirent rapidement à glisser le long de l'étoffe lisse avant de finir leur course sur le sol dans une intervalle régulière. Mais la jeune femme ne s'en préoccupa pas plus que ça et se dirigea immédiatement vers la salle de bain dont elle laissa la porte ouverte sans aucune gêne malgré sa prochaine douche : elle était seule, et chez elle. il n'y avait donc aucun problème. Elle fit couler l'eau. Froide, dans un premier temps, puis finalement tiède. Si elle n'appréciait que peu la chaleur, elle n'appréciait pas pour autant l'eau gelé. Tiède, c'était la température parfaite. Sa douche fut rapide : Elle ne se sécha même pas les cheveux et se contenta du minimum. Sa toilette faites, elle enfila un débardeur et un boxer, tout deux de couleur sombre, avant de revêtir une robe de chambre légère par-dessus. Il faisait tellement chaud dans ce foutue appartement, que c'est à peine si elle avait besoin du chauffage. Elle ne l'avait d'ailleurs utilisé que très peu de fois. A chaque fois, lorsqu'elle était malade... Chose plutôt rare, en somme. Rafraîchit, c'est donc en apparence calmé qu'elle se dirigea vers son frigidaire pour se saisir d'une bouteille d'eau bien fraîche. Elle s'installa ensuite sur le divan quasi-neuf - et visiblement entretenue, s'asseyant en tailleur, et posa la bouteille à sa droite avant de fixer les paquets de feuilles éparpillés ça et là. Car, il faut le préciser, il n'y en avait pas que sur la table basse mais aussi à même le sol sur le tapis et sur le fauteuil en face. Cette simple vision la désespéra... Plusieurs semaines de recherche pour aboutir à ça... C'est à dire, rien. Strictement rien. Juste des documents aux liens étroits, des noms sans visage, des liaisons douteuses entre certaines personnes,... Vraiment, c'était désespérant. Elle commençait presque à être à bout de patience. Non, en fait, il lui faudrait même sans doute un rien ce soir pour qu'elle saisisse la balle au bond. oh, bien sûr, certaines choses avaient attiré son attention. La légende de cet ange aux ailes de sang, par exemple, ou encore les dénommés Sayël et Azaël. Quelques faits divers sans explication, aussi. Mais il fallait dire qu'elle était remonté loin... Très loin. Jusqu'aux livres anciens, en fait, et ce qui était sans doute "leurs" premiers parchemins. Mais même ainsi, elle n'avait rien trouvé. Etait-elle donc si idiote, ou si épuisé ? Elle était persuadé que certaines réponses se trouvaient dans tout ce foutoir... Mais où exactement ? C'était cette question, le problème. Et puis, elle s'était aussi sans doute trop élargie sur ses recherches. Certaines étaient axés sur les trois cités précédemment, d'autres sur ceux parfois nommés "héritiers" ou "Princes" du Chaos, et d'autres... Sur ce démon nommé Baeladroth. Tiens, en parlant de lui... se doutait-il qu'elle chercherait à l'identifier avec plus d'exactitude, ou songeait-il qu'elle se contenterait de ses présentations à la limite hasardeuse ?... " Tu crois vraiment que c'est le moment de te poser des questions pareil ? "... Effectivement, ce n'était pas le moment.

Revenant à la réalité, quittant ces réflexions dans un soupir, la jeune femme se leva du canapé simplement pour aller nourrir les poissons, avant de revenir s'assoir à sa place initial. Cette fois, cependant, elle s'assit plus convenablement. Elle se pencha sur quelques feuilles, en repoussa certaines, puis se saisit finalement d'une feuille qui avait, visiblement, servit à prendre des notes. il y avait des écrits, c'était un fait, mais également quelques flèches. Le tout aurait pu sembler à un casse-tête en y regardant de loin. Mais, de près, le schéma frôlait la perfection. il était parfaitement compréhensible... pour elle, bien entendu. Quiconque ignorant le sujet traité n'y comprendrait que du feu. Et encore, ce n'était pas sûr. Après quelques observations, elle posa la feuille sur ses genoux, et s'empara de deux autres feuilles qui, elles, ressemblaient à des photocopies plus qu'autre chose. Et quoi de plus normal, puisque s'en était réellement. photocopie de ce qui, normalement, faisait partie des ouvrages interdit. Ou en langue d'église : Banni. Une chose qui 'avait pas déranger la jeune femme. Ces feuilles en était la preuve même. S'il y avait bien une chose qu'elle avait apprise dans ce domaine, c'était que les meilleurs indices se trouvaient toujours dans les ouvrages dont l'existence même était généralement à prouver. une chose, que ses sources soient encore bonnes. Sinon, elle ne serait jamais tombé dessus.

La jeune Nightfals afficha soudain une mine d'incompréhension. Sur la feuille de gauche, était définit un passage bien précis. Plus exactement, celui du bagne de l'archange. Sur la feuille de droite, se trouvait le même passage... Mais noté d'une façon totalement différente. Les deux écritures étaient différentent bien que manuscrites, relatait le même passage de "l'Exilé", mais d'une manière... qui ne se ressemblaient pas. Lequel disait la vérité ? Lequel mentait ?... Elle l'ignorait, et n'avait aucune idée de la façon dont elle devrait s'y prendre pour obtenir cette réponse. D'ailleurs, rien ne disait qu'il y avait une des deux version de réelle. Si ça se trouve, les deux étaient fausse ! Manquerait plus que ça... Mais en même temps, elle se demandait bien à quoi aurait pu servir ces mémoires à l'époque. une époque aussi lointaine qu'inconnue pour elle. Le genre qu'elle n'aurait, au fond, sans doute jamais voulu connaître. Et si les deux contenaient une partie de la vérité ? Après tout, même le plus grand des vices et des mensonge était basé sur une réalité. Chaque chose avait une base commune : le tout était de la trouver. Et de quelle façon... A nouveau, elle ignorait comment s'y prendre.

- Complètement incohérent..., lâcha-t-elle à voix haute sans vraiment s'en rendre compte.

Ce disant, elle relâcha l'étreinte de ses doigt sur ces documents qui lui semblaient presque vide de sens en ce moment, les laissant glisser dans un murmure silencieux jusque sur le sol. elle laissa retomber ses bras le long de son corps, sur le fauteil, avant de se laisser aller contre le dossier de ce dernier. Elle pencha alors la tête en arrière et ferma instinctivement les yeux, repartant dans quelques réflexions qui lui semblaient à la fois intéressantes et insignifiantes...

Huit mois s’étaient écoulés. Huit mois depuis que le démon avait confié la mission de récupérer le colt à sa nouvelle recrue Leïna. Huit mois qu’elle n’avait donné aucun signe de vie, aucune nouvelle. Peut-être pensait-elle qu’elle avait été oubliée, libérée de son contrat et par conséquent, dispensée de remplir ses devoirs. Pourtant, il n’en était rien. Si durant huit mois, Baeladroth ne s’était pas rappelé aux bons souvenirs de l’actrice, c’était uniquement parce qu’il était occupé à échafauder d’autres stratagèmes pour parvenir à ses fins. C’était l’une des forces du Déchu : avoir toujours plusieurs plans pour atteindre un seul objectif. Si certains capotaient, il y en avait toujours d’autres prévus pour rattraper le coup ... cette fois-ci ne devait pas faire exception.

Ouvrir la Porte des Enfers, voilà son objectif. Pour ce faire, il avait tenté de récupérer la clé précédemment utilisée par Azazel, le Colt des frères Winchester, en envoyant Leïna. Tandis qu’elle s’acquittait de sa tâche, de son côté, le démon avait cherché un autre moyen d’ouvrir une Porte. Tout du moins, il avait tenté de rassembler le nécessaire pour le faire, car bien entendu, il savait éperdument comment s’y prendre, et ceci depuis des millénaires. Il avait juste besoin de certains composants pour y parvenir ... et il y travaillait déjà.

Pourtant, il avait horreur d’être trop laxiste avec ses sujets. C’était pour cette raison qu’il voulait rendre une petite visite à la jeune femme, histoire de lui rappeler qui elle servait. Le Colt n’était pas une piste à négliger. Qui plus est, le démon préférait être en possession de cette arme plutôt que de savoir qu’elle était dans le camp ennemi. Il n’avait pas remis les pieds dans le Sous-Monde depuis plus de quatre milles ans et il n’avait pas l’intention de changer cet état de fait.

La pluie tombait à torrent, comme elle l’avait fait tout le reste de la journée ... à croire que le Créateur ayant percé les projets du démon, cherchait à déclencher un nouveau déluge dans l’espoir de le noyer ... peine perdu. Baeladroth avait survécu au dernier, un nouveau ne ferait nullement exception. Appuyé sur le mur du 7/24, abrité par la toiture, il finissait de fumer sa cigarette. Ceci fait, il entra de nouveau dans l’établissement, devenu en quelque sorte son repaire tant y régnaient le vice et la corruption à cause de la présence de l’Ange Renégat en ville. Le videur le laissa rentrer sans problème, totalement soumis à la volonté du Corrupteur sans qu’il ne s'en rende compte. Bael’ se dirigea alors dans l’arrière salle, à l’abri des regards du peu de personnes présentes dans le bar. Une fois dans le local, il se concentra sur Leïna afin de percevoir la présence de celle qui lui avait donné son âme. Elle se trouvait à Riverwood. Le démon sourit légèrement. Il n’était pas loin, le transfert sur place ne serait pas épuisant. En effet, vu les conditions météorologiques, il n’avait pas l’intention de sortir dehors. Psalmodiant en Noir Parlé, il se concentra pour altérer l’espace. La lumière de la pièce clignota un instant, alors que le sol sous les pieds de Baeladroth se recouvrait de runes cabalistiques mauves. Puis, la lumière se coupa, plongeant la pièce dans le noir, seules étaient encore visibles les runes qui semblaient luire d’une lueur violette malsaine. Lorsque la lumière se ralluma, la pièce était vide.

Baeladroth était sur le pas de la porte, sec et satisfait de ce voyage réussi. Il frappa alors à la porte. Lorsque Leïna ouvrit, un léger sourire sarcastique se dessina sur les lèvres du démon alors qu’il la fixait droit dans les yeux de son regard cristallin.

« Alors ... n’aurait-on pas oublié quelque chose ... Leïna ? »

Si la jeune femme ne tremblait pas, son regard trahissait pourtant son ressentie actuel : la peur. Face à cette ombre informe, il fallait bien avouer qu’elle venait de perdre ses moyens. Un instant, elle ferma les yeux dans l’espoir de se réveiller chez elle. Mais lorsqu’elle les rouvrit, elle retrouva en face d’elle cette même masse informe et sinistre dont seul le regard vif était visible. Il semblait énervé… Mais rassuré, de voir que sa proie n’était pas en état de lui échapper à nouveau ni de lui opposer quelconque résistance. Les vêtements déchirés, on aurait pu croire qu’elle s’était faite agressé par un lion. Si seulement ça n’avait été « que » ça… Mais là, en l’occurrence, le problème s’avérait bien plus compliquer. La jeune femme était pourtant une connaisseuse, dans ce domaine. Mais cette fois, elle devait bien s’avouer vaincu. Elle n’arrivait en fin de compte à mettre qu’un seul mot sur son agresseur : « indéfinissable ». Ce n’était qu’une ombre chimérique aux griffes et au regard sanglant, rien de plus de visible si ce n’est de l’obscurité. Enfin, visible. Les griffes, elle les avait plutôt ressenties qu’autre chose, et l’état de son corps en témoignait aisément. Foutue créatures… Plus elle les fuyait, plus elle avait l’impression de les croiser. S’en était même devenue ironique. Mais au final, elle en était devenue las. Las de tout ça, de cette vie… Sans doute s’en rendait-elle vraiment compte. Aussi loin qu’elle se souvienne, elle n’avait jamais eut peur de la mort. Et bien au contraire, même. Elle l’avait si souvent provoqué… Et tellement cherché. A croire que cette dernière en venait à la fuir. L’aurait-elle enfin trouvée ? Sans doute, oui. Cette main griffue se levant au-dessus d’elle et les circonstances en témoignait forcément. Peut-être pour cette raison, que celle qui fut actrice accueillit le coup de grâce en un sourire, telle une délivrance. Une délivrance… Oui, c’était le mot…

Etrangement, ce n’est pas dans un sursaut que la jeune femme revint à la réalité, mais avec un calme presque mortuaire. Respiration lente, maitrisé, aucunes traces de sueur sur son visage… Elle n’avait pas même bougé d’un pouce de sa place initiale. Elle était toujours assise sur le canapé, avachit contre le dossier, la tête légèrement en arrière… Stupide songe. S’il appartenait au monde de l’imaginaire, il était pourtant né d’une réalité : la sienne. Bien entendu, cette créature n’en faisait pas partie… Ou du moins, pas pour le moment. Mais cet étrange ressentit, elle l’avait déjà eut dans la réalité. Et même cette façon de voir les choses : Leïna était quelqu’un qui se fichait éperdument de la vie. Elle était de ce genre de personne qui, pour le moindre prétexte, était capable de risquer son existence sans se soucier des obstacles ni du chemin à parcourir. En outre, elle faisait tout bonnement partie de ces gens qui, n’ayant aucunes rattaches, préférait prendre tous les risques possibles et imaginable pour avoir une fin plus noble que celle du suicide. Oh, bien entendu, elle ne risquait pas pour autant la vie des autres… Quoi que. Ca restait à prouver. Peut-être était-elle devenue, avec le temps, un peu égoïste. Ou peut-être n’était-ce tout simplement qu’une question de méfiance. Hm, ce devait être ça, sans doute. Sinon, pourquoi ne conterait-elle que sur elle-même, et ceux qu’importe les situations ? Après tout, c’était ses affaires. Elle comptait bien mener son existence comme elle l’entendait, sans que personne ne lui dicte quoi que ce soit. Même si elle pouvait laisser penser l’inverse… Tout n’était qu’une sombre partie d’échec, après tout, ou seul le talent de manipulation comptait vraiment. Du moins, c’était ainsi qu’elle voyait les choses, actuellement. Une partie d’échec… Ou les pions ne sont autres que des êtres vivants. Si l’on pouvait compter les « habitants de l’autre-monde » comme tel, bien entendu.

Instinctivement, la jeune femme porta une main sur son front. Elle ne constata aucune fièvre. Elle se sentait pourtant… Mal. Pas malade. Mais vraiment « mal ». Mais inutile de chercher bien loin la raison de ses maux qui, depuis quelques temps, se faisaient de plus en plus fréquent. Oh, elle avait vu pire, c’est sûr. Mais c’était toujours désagréable de se sentir vulnérable au monde extérieur, surtout lorsqu’on n’est pas du genre à rester en place bien longtemps. Elle s’empara de la bouteille d’eau, et but un bon tiers de cette dernière en une traite en prenant à peine le temps de respirer. Elle se leva ensuite et alla la remettre au frigidaire. Elle devrait faire les courses le lendemain, c’est à peine si elle avait de quoi se faire un vrai repas ce soir. Remarque, ça tombait plutôt bien : elle n’avait aucune faim. On aurait pu lui tendre un bon pot de Nutella qu’elle l’aurait refusé sans possibilité de négociation (^^). Il y avait des moments, comme ça, où il ne fallait ni la forcer, ni la contrarier. Sa journée avait déjà été un véritable carnage : et dire que le matin, elle s’était levé de bonne humeur. Inutile de mentir : si elle s’était levé de mauvaise humeur dès le matin, elle aurait eut besoin de trouver un bon défouloir pour se remettre d’aplomb et se changer les idées. Quelque chose comme… une ou deux créatures à chasser. Pas forcément faible : Juste de quoi se défouler comme il fallait, histoire de calmer ses nerfs. Mais là, elle n’en était pas à ce stade. Ou tout du moins, pas encore. Alors peut-être que sa journée n’était-elle pas tombé au plus bas, finalement. Maintenant qu’elle y songeait, une pensée lui arracha même un léger sourire, bien qu’il fut cynique ; ça restait un sourire. Si elle avait été de mauvaise humeur, elle n’aurait pas cherché à semer la patrouille qui l’avait prise en filature plus tôt. Non, elle aurait utilisé bien d’autres méthodes. Oh, efficaces, c’est sûr ! Mais disons… pas très orthodoxe.

Finalement, c’est un invité surprise qui lui retira ces idées de la tête. Elle ne put d’ailleurs s’empêcher de soupirer : elle n’appréciait pas tellement qu’on vienne la chercher jusque chez elle, surtout le soir. Non, surtout après une journée pareil. Contrainte d’aller ouvrir, elle sortie donc de la cuisine et alla jusqu’à la porte principale, se passant par réflexe une main dans les cheveux… Et lorsqu’elle ouvrit la porte, elle y trouva derrière sans doute la dernière personne au monde qu’elle aurait voulue croiser en cette soirée. Si on pouvait appeler ça une « personne », vu les origines de cet… « Homme » ? Non, ce n’était pas approprié. Dire « chose » convenait sans doute mieux, pour le moment. Enfin, peu importe, le sujet n’était pas à sa nature. Mais la jeune femme, c’était trompé sur une chose : Maintenant, et seulement maintenant, la situation ne pouvait pas être pire. De toute façon, le regard noir qu’elle jeta à cet invité surprise suffisait à le faire comprendre : nulle besoin de prononcer quelconque mot. Mais si ce démon s’était déplacé, il était clair qu’il ne repartirait pas aussi vite. C’est vrai… Maintenant qu’elle y repensait, elle était sensé s’occuper de ce foutue Colt. Il est vrai qu’elle l’avait un peu négligé… Non, pas qu’un peu, même complètement. Ce serait plus réaliste ainsi. Oh, et puis quoi ? Il ne lui avait jamais précisé de date ni quoi que ce soit qui la limitait dans le temps. Alors, quitte à jouer un peu sur les mots, elle s’en fichait : elle n’avait pas eut que ça a faire, de toute façon. Des choses plus importantes pour elle, et surtout plus intéressante aussi, l’avaient occupé ces dernières semaines –si ce n’est mois. Et risquaient même de l’occuper encore pendant très longtemps. Le jeu allait être serré, cette fois…

- Alors ... n’aurait-on pas oublié quelque chose ... Leïna ?

- Je ne suis pas d’humeur.

Ce disant, elle referma la porte au nez du Déchu sans même se préoccuper des conséquences. Elle avait manqué de tact sur ce coup-là, c’était certain. Elle ne se préoccupait d’ailleurs pas plus de son geste que de son comportement. Et si ça devait énerver cette « stupide créature » comme elle l’appelait parfois intérieurement, et bien elle ne ferait sans doute rien pour arranger les choses. S’il était assez idiot pour perdre son calme, c’était son problème, pas le sien. Quoi que… Si, c’était le sien aussi, mais pas de la façon dont on pouvait l’imaginer. Disons plutôt que, selon les circonstances, elle pourrait elle aussi perdre son calme ; il ne lui manquait d’ailleurs pas grand-chose ce soir pour que ça n’arrive. Et qui disait perdre son calme, disait perdre la maîtrise de ses actes. Et là, ce serait irrémédiable. Depuis le temps, elle avait pu tester ses limites sur ce genre de chose. Elle savait donc quel genre de comportement ça pouvait engendrer, mais aussi quel genre de violence. Inutile de mentir : ce n’était pas beau à voir. Mais le moment n’était pas à ce genre de réflexions. Elle se redirigea donc à nouveau vers le salon, dans l’optique de s’assoir à nouveau sur le canapé. Mais malgré tout, elle savait très bien que si celui à qui elle avait donné son âme voulait entrer, il le ferait sans problème. Bien qu’ayant une attitude désinvolte, elle resta donc sur ses gardes et regagna le canapé sans vraiment se préoccuper des remontrances qu’elle subirait sans doute.

« Je ne suis pas d’humeur. »

Voilà ce qu’obtint le démon pour toute réponse avant de se voir claquer la porte au nez. La jeune femme n’avait pas l’air de bonne humeur. Rien qu’à en juger par son regard, on pouvait aisément deviner que la visite du Déchu ne l’enchantait guère. Pourtant, il n’allait pas vraiment lui laisser le choix, la rappelant à ses obligations. Il aurait pu aisément faire voler la porte en éclats, mais ce n’était pas une méthode assez fine à son goût. Faire étalage de puissance était trop primitif selon les critères de Baeladroth, et il préférait ne s'y résoudre que dans les cas les plus extrêmes. La subtilité était d’avantage dans ses manières s’agir. Aussi, il lui suffirait d’entrer dans l’appartement de la même manière qu’il était venu du pub jusque sur le pallier de la porte. Conjurant une nouvelle fois les forces de l’Ombre, le démon focalisa son esprit sur celui de la jeune femme. Quelques instants plus tard, le couloir était de nouveau désert.

Dans le salon de la jeune actrice, la lumière générée par les appliques vacilla pour finalement s’éteindre, plongeant la pièce dans la pénombre. Seule la timide lumière crépusculaire de l’extérieure permettait encore de discerner les formes du mobilier dans la pièce. Puis, dans un grésillement caractéristique, les filaments des ampoules irradièrent de nouveau, inondant la pièce de lumière artificielle, chassant les ténèbres. Adossé à l’un des murs, le démon observait la jeune femme, les bras croisés sur le torse. Elle s’était rassise sur le canapé en tailleur. Autour d’elle, une multitude de papiers couvraient tout aussi bien le sol que le canapé ou la table basse. Un sourcil relevait, le démon l’observait d’un regard débordant de reproches. L’attitude de la mortelle était tout simplement inadmissible. Il savait pertinemment qu’elle n’avait pas oublié à qui elle s’adressait. Si elle agissait ainsi, c’était par pure provocation, peut-être dans l’espoir qu’il lui apporte la mort plus rapidement que prévu.

« D’humeur ou pas, il va pourtant falloir m’écouter, Leïna ... au risque que ce soit moi qui ne soit plus d’humeur ... »

Baeladroth se redressa, plaçant ses mains dans ses poches. Il s’approcha de la jeune femme sans la quitter des yeux. Puis, il balaya du regard les divers documents éparpillaient autour d’elle. Vraisemblablement, elle n’avait pas perdu son temps. Il était clair qu’elle avait utilisé ces huit derniers mois pour mener des recherches personnelles, sans se soucier de la mission que lui avait confiée le démon. D’une voix toujours aussi calme et posée, il reprit la parole.

« Voilà huit mois que je t’ai demandé de me rapporter le Colt des Winchester ... Qu’en est-il ? Tenterais-tu de me faire faux bond Leïna ? Tu sais à quoi tu t’exposes si jamais tu venais à me trahir. J’ai peut-être été indulgent avec toi pour le moment, mais certaines données risquent de remettre en cause ce laxisme de ma part ... »

Le regard toujours aussi sévère, le Prince des Plaisirs attendait des réponses de la part de l’actrice. Il se doutait bien qu’elle chercherait un moyen de l’embrouiller.

« Qu’as-tu à dire pour ta défense ? »

Comme elle s’en était douté, le Déchu pénétra dans l’appartement sans besoin de carte d’invitation. Pas plus besoin de porte, d’ailleurs. Sachant que la faiblesse du courant venait sans doute de lui, elle ne s'inquiéta donc pas et resta le regard figé sur ces feuilles qui lui causaient tant de problème. Il fallait avouer que, pour certaines, elle ne les avait pas vraiment obtenue dans la légalité. Ou non. En fait, presque toutes, si ce n'est même toutes. Tiens, maintenant qu'elle y pensait, elle avait laissé ses dernières trouvailles dans la poche intérieur de sa longue veste... Trempé. Chanceuse comme elle l'avait été aujourd'hui, elle se doutait bien que l'état de l'encre serait sans doute pittoresque. Mais peut-être parviendrait-elle comme à déchiffrer une écriture devenue illisible... Ou elle l'espérait vraiment.

- D’humeur ou pas, il va pourtant falloir m’écouter, Leïna ... au risque que ce soit moi qui ne soit plus d’humeur ...

Parce que, il lui arrivait d’être de bonne humeur (^^)? Elle en doutait. Sauf si, pour un démon, la patience s’apparentait à la bonne humeur. Et encore : elle avait déjà réussit à lui faire perdre son calme. Ce n’est pas une fois de plus qui allait l’effrayer, bien loin de là. Voir même au contraire. Se connaissant, elle serait plutôt capable de s’en amuser. C’était de toute façon soit l’un, soit l’autre : soit elle s’en amusait et trouvait ça à la limite du pathétique, soit elle perdait elle aussi son sang froid et… préférait ne pas y penser. En attendant, il avait au moins raison sur un point : qu’elle le veuille ou non, elle devrait écouter le discourt de cette « stupide créature » et ce, qu’elle le veuille ou non.

- Voilà huit mois que je t’ai demandé de me rapporter le Colt des Winchester ... Qu’en est-il ? Tenterais-tu de me faire faux bond Leïna ? Tu sais à quoi tu t’exposes si jamais tu venais à me trahir. J’ai peut-être été indulgent avec toi pour le moment, mais certaines données risquent de remettre en cause ce laxisme de ma part ... Qu’as-tu à dire pour ta défense ?

Et voilà, ça y est… On y était. L’histoire du Colt. C’est vrai qu’elle l’avait complètement négligé… Et qu’elle s’en foutait royalement, aussi. Au même titre que cette histoire d’apocalypse ou de porte des Enfers. Si la Terre devait devenir encore plus chaotique que le mot même, si elle devait se transformé en champ de bataille, en ruine, ou en brasier,… Elle se sentait hors du coup. Que le monde dans lequel elle vivait soit comme ça, ou comme maintenant, ça ne l’atteignait pas plus que ça. Etait-ce parce qu’elle ne jugeait pas les choses à leur juste valeur ?... Non, ce genre d’erreur n’était pas son genre. On aurait pu croire qu’elle sous-estimait également le déchu et pourtant, il n’en était rien : ce qu’elle laissait croire était des plus volontaire, et entièrement nécessaire. Alors, quoi ? Souhaitait-elle donc à ce point la fin des humains ?... C’était déjà plus probable, mais la vérité n’était pas encore dans ces hypothèses-ci. Oh, et puis elle en avait marre. Sa réponse fut donc très brève, et elle n’y alla pas par quatre chemins.

- Rien, lança-t-elle à la fois froide et évasive.

Elle aussi, semblait avoir changé ses habitudes… En cette soirée, du moins. Ou peut-être était-elle en train de montrer, dans ce moment de faiblesse passager, le comportement de la véritable Leïna Nightfals. Une jeune femme qui était réellement fatigué de tout ça et qui, si elle en avait eut le choix, aurait déjà quitté la « partie ». Seulement, ce que certains appelait « le destin », en avait visiblement voulu autrement. Le destin… Y croyait-elle ? Elle ne s’était jamais vraiment posé la question. Peut-être un peu, sans doute. Elle n’attribuait jamais rien ni à la chance, ni au hasard. Alors pourquoi pas ?... Quoi que, non. Si elle y croyait, elle ne serait sans doute pas ici ce soir, chez elle, à discuter avec cette créature qui ne semblait pas vouloir la lâcher pour cette fois.

- Je me contenterais de dire que tu ne m’as jamais imposé de délai… Les choses auraient été plus intéressantes, peut-être que j’aurais été plus rapide. Mais ce n’est pas le cas. J’avais des affaires plus urgentes à régler.

La jeune femme daignait finalement accorder son attention au Déchu. Et pour preuve : elle releva la tête pour poser son regard sur lui, ne semblant à nouveau pas vraiment craindre ce qu’il pourrait lui infliger. Elle prit cependant soin de maitriser son regard, masquant tout ressentie du moment. Après tout, elle était actrice, ce genre de simulation n’était donc pas un problème pour elle. A condition d’y penser, bien sûr. Elle le rendit donc plutôt sombre, un peu froid… Presque désagréable, en fin de compte. Une chose à nouveau volontaire. Dès leur première rencontre, déjà, elle avait testé les limites du Déchu sur son sang-froid. C’est finalement un peu plus tard qu’elle les avait trouvé : et elle les avait estimé vraiment maigre. Ce soir, à nouveau… Peut-être cherchait-elle à savoir s’il avait progressé dans ce domaine, en huit mois, ou bien s’il en était toujours au même point.

- Tu aurais tenu tes promesses, j’aurais été plus rapide, lui reprocha-t-elle clairement. Enfin… Je m’en doutais un peu, venant de « quelqu’un comme toi ».

Cette fois, le reproche avait été parfaitement clair. Et sérieux. Qu’entendait-elle par « quelqu’un comme toi » ? Elle seule le savait. Mais ce qui était sûr, c’est que ce ne devait pas être quelque chose de bien valorisant. Et bien au contraire, même. De toute façon, ce qu’elle avait à dire était dit. Ou du moins sur ces faits-là. Elle se leva donc à nouveau du fauteuil et se dirigea vers la cuisine pour y chercher la bouteille d’eau fraîche. Une fois fait, elle y but quelque gorgée sans rien proposé au déchu – A quoi bon ? – et revint vers le salon pour la poser sur la table, restant cette fois debout. Comportement typique d’une personne peu calme, voir instable : elle semblait incapable de tenir trop longtemps au même endroit. Et le faite de boire de l’eau froide… Non, ça, par contre, ce n’était pas un signe d’énervement de sa part. C’était idiot, mais l’eau bien froide était la seule chose capable de calmer ses maux, comme si ça lui rafraichissait les idées. Alors, soif ou non, elle se forçait à boire à fin d’être capable de tenir toute l’entrevue ; et uniquement pour ça. En cas contraire, elle aurait été capable de s’allonger et de laisser la douleur l’assaillir sans rien faire pour l’atténuer. Idiot ? Peut-être. Mais il n’y avait qu’avec ce genre d’expérience qu’on pouvait connaître ses limites sur le sujet, et également s’entrainer à mieux les supporter.