Martini, adultère et jeune actrice ... [PV Leïna][Terminé]

D’une inconscience déconcertante, c’est à peine si la jeune femme remarqua ou ses pas l’avait mené tellement elle avait perdue goût à la vie… Comme souvent, le soir, lorsqu’elle repensait au passé. N’importe qui aurait pu lui dire qu’il n’était pas bon pour elle de ressasser ainsi le passé, et elle la première. Seulement… Il y avait des choses, parfois, ou plutôt des souvenirs, dont elle ne parvenait pas à se défaire. Des images qui lui restaient gravés au plus profond d’elle-même, des sons capables de la hanter même éveillé… Des choses qui faisaient, depuis un moment maintenant, son quotidien. C’était pourtant triste à dire, surtout qu’avec ses talents et son physique, il n’y avait aucun doute à se faire quand au genre de vie qu’elle pourrait mener. Mais c’était la triste réalité, la sienne. Difficile de voir la vie en rose, avec de tels souvenirs… Difficile de vivre, tout simplement. Bien sûr, elle s’était trouvé une raison, sans doute aussi triste que tout ça. Et puis, elle s’était trouvé un métier qui lui convenait à merveille : quel meilleur moyen de s’oublier soi-même que celui d’être acteur, d’incarner la vie et le profil d’un personnage fictif ? Sans doute nul autre. Du moins, c’était ainsi qu’elle voyait les choses.

Morose, elle pénétra dans l’enceinte du bâtiment sans regarder nulle part ailleurs que devant elle, comme si elle savait ce qu’elle voulait. Puis, discrètement, elle alla se glisser sur un tabouret au bar, légèrement à l’écart des autres, et commanda bien rapidement un martini : un alcool pas trop fort, juste de quoi la mettre dans le bain avant de prendre une boisson plus sérieuse. Puis, dans un même temps qu’elle réceptionnait sa commande dans une main ferme, son expression s’assombrit brutalement, comme si elle se libérait enfin d’une fausse identité pour redevenir ce qu’elle était vraiment : quelqu’un de perdue, de seule. Une personne qui, en outre, ne parvenait pas à trouver sa place dans un monde qu’elle haïssait. Et en parlant de place… Que faisait-elle ici, à boire ? A cette heure-ci, elle aurait du être avec les autres acteurs du tournage qui se déroulait en ce moment même non loin d’ici. Oui, elle devrait être en train de tourner une scène que, par simple caprice de son moral, elle avait décalé de plusieurs heures. Caprice qui lui avait valu une belle remontrance… Tiens, et maintenant qu’elle y pensait, elle devait aussi passer faire les magasins pour la scène : sa valise s’était, sans doute par enchantement, complètement égaré dans le dernier aéroport. Depuis, une partie de son budget ne cessait de passer dans les vêtements. Il est vrai qu’elle s’habillait fort simple, et qu’elle ne cherchait jamais dans le plus cher ou le plus voyant. Non, toujours dans la finesse et la discrétion, en fait… C’était l’une de ses qualité, d’après certains. Enfin, ce n’était qu’un détail : toujours était-il qu’elle devait acheter un chapeau et un manteau qui ne valait vraiment pas leur prix. Des achats qui, bien évidemment, seraient de ses frais alors qu’ils étaient une nécessité pour le film. Allez comprendre… Le business, peut-être.

Lentement, la jeune femme se redressa à fin de se tenir un peu plus droite, par simple réflexe, avant de rabattre sa capuche en arrière. Satané pluie… Elle aimait ça, c’est vrai. Mais quand il s’agissait d’une pluie si violente qu’elle était à la limite des grêlons et que, de surcroit, elle se trouvait dehors, il fallait bien avouer qu’elle ne trouvait pas vraiment ça agréable. Et quoi de plus normale ? Elle était humaine, après tout. D’un revers de la main, elle essuya l’eau sur son visage avant de boire entièrement son verre pour en commander un second de manière machinale. Mais, alors qu’elle s’apprêtait à remercier le barman, une autre voix attira son attention, non loin sur sa gauche. Une voix à la fois hautaine et bourru… Le genre d’homme sûr, et borné.

- Dîtes-moi mademoiselle, je peux vous offrir un verre ?

Intrigué, dans un premier temps, Leïna tourna légèrement la tête afin de porter son attention sur l’inconnu, et non plus sur sa consommation. Un peu plus grand qu’elle, il n’était pas dur d’analyser qu’il avait trop bu. Non seulement par son attitude, mais aussi par l’odeur. Bien portant, il se fraya, et ce bien à contre cœur de la jeune femme, une place jusqu’à elle afin de s’assoir à ses côté. A cet instant, un seul mot vint en tête à l’actrice : la poisse. Elle ne pouvait donc même plus boire en paix ?... Conservant un silence parfait, elle se contenta de l’ignorer et de reporter son regard sur l’alcool, se perdant à la vue de celui-ci.

- Dîtes, si j’vous dérange, dîtes-le !

- Vous me dérangez, lâcha-t-elle dans une nette indifférence sans avoir eut besoin de réfléchir à la réponse.

- Ah, peu m’importe ! De toute façon, vous…

- Lâchez-moi, bordel, murmura-t-elle doucement tout en se levant.

En fin de compte, ce n’est pas sa réplique à peine audible qui coupa l’inconnu dans sa phrase, mais plutôt le fait qu’elle se soit levée sans lui prêter aucune attention, emportant son verre avec elle sans se retourner. D’ailleurs, elle n’entendit que de brèves injures solitaires ressemblantes à des grognements tandis qu’elle s’éloignait de sa place précédente pour aller en trouver une autre… Toujours près du comptoir, afin de s’assurer, bien qu’inconsciemment, une main mise sur ses futures consommations. D’ailleurs, ce simple mot lui fit finir son verre d’une traite avant qu’elle ne s’asseye de nouveau. Mais, après avoir posé son verre sur le bois verni, elle n’en redemanda pas un autre pour autant et se contenta cette fois de se passer une main dans les cheveux avant de jeter un regard alentour. Il n’y avait pas grand monde, cette fois-ci. Et l’atmosphère était à l’image des consommateurs, qui semblaient tous, pour leurs propres raisons, être présent dans le but d’oublier. Du moins, c’est la première impression qu’eut la jeune femme. Mais, rapidement, elle remarqua qu’une personne ne semblait pas suivre ce schéma. Un jeune homme, plus précisément, avoisinant sans doute sa tranche d’âge au vu de son physique. Physique qui, d’ailleurs, n’était pas si déplaisant à voir… Mais toujours était-il que, pour une raison inconnu, son instinct lui criait de s’éloigner de lui. Pour quelle raison ? Elle l’ignorait. Et, puisqu’elle aimait le danger, nul doute qu’elle ne bougerait pas. Toute fois… Cette attitude ne l’empêcherait pas de rester méfiante.

- Et maintenant qu’il est vide, je peux vous offrir un verre ?

Sursautant légèrement, l’actrice quitta toutes ses pensées et réflexion à fin de revenir à la réalité et de, surtout, venir se concentrer sur la personne qui venait de l’interpeller. Le même homme que tout à l’heure… Visiblement, changer de place ne suffisait pas. Dommage, qu’elle ne se soit pas trompé en songeant qu’il avait l’apparence d’un homme buté… En tout cas, elle ne s’en découragea pas pour autant et, plongeant son regard dans le sien, elle se choisit une voix mélangeant froideur et sensualité. Triste mélange… Mais ça marchait souvent. Et puis, ça devenait parfois amusant, ce genre de jeu.

- Un verre ? Non, merci. Toute fois…

Affichant un sourire qui, dans ce genre de circonstance, aurait pu vouloir tout dire, elle eut un léger mouvement de tête vers les toilettes féminins avant de se diriger elle-même vers le lieu. Elle s’était toute fois assuré que personne, ou du moins peu de monde, ne se rende compte de la scène. Puis, une fois la porte franchit, elle attendit que l’homme fasse de même avant de la refermer derrière eux. Là, il afficha un sourire et s’approcha d’elle, remarquant à peine que celle qu’il pensait sans doute « se faire », avait de nouveau une expression aussi sombre que froide. Alors, dès qu’il s’approcha, Leïna n’eut aucune hésitation : Saisissant ses épaules, elle lui envoya un coup de genoux bien placé, juste là où il fallait, avant de le pousser en arrière. Se retenant visiblement de crier, comme s’il voulait garder un minimum de dignité, il s’écrasa lourdement sur le sol en même temps qu’il portait ses mains à cette blessure sans doute imprévu pour lui. Une expression toujours sinistre plaqué sur le visage, la jeune femme alla s’accroupir à ses côté et se pencha légèrement au-dessus de lui, comme un enfant le ferait pour murmurer un secret.

- La prochaine fois… Je te jure que tu ne pourras plus t’en servir, lâcha-t-elle doucement avant de se relever.

Il était vrai que, en temps normal, elle n’aurait sans doute pas eut un comportement pareil. Mais il était également vrai que, ces derniers temps, son instabilité et son fort caractère n’étaient plus compatible et que, si en plus elle était d’humeur à boire, elle pouvait se faire violence bien facilement. Peut-être trop, même. Mais ça ne l’importait que peu : Au moins, elle était certaine que cet homme ne viendrait plus la déranger dans sa solitude. Et puis, la bague qu’il avait au doigt signifiait clairement qu’il était marié, alors… Peut-être retiendrait-il la leçon, qui sait ? Dans tout les cas, ce n’était de toute façon pas vraiment important. Du moment qu’elle pouvait boire tranquillement, le reste ne la dérangeait pas plus que ça. Alors, après un dernier regard méprisant vers sa victime du moment, elle quitta les toilettes en prenant soin que personne ne voit la masse sombre sur le sol et referma la porte derrière elle. Dès lors, son attitude redevint complètement neutre, alors qu’elle retournait auprès de son verre vide qui l’attendait sagement, elle et son envie de consommer…

Toujours vide, son verre lui rappelait passivement pourquoi elle était venu ici. Oublier, s’évader, quitter la réalité… Juste quelques minutes, quelques heures, sans aucunes frontières. Et surtout, sans prendre en compte les conséquences du prix à payer. Qu’il s’agisse de facture, ou du revers qu’elle subirait sans doute le lendemain matin. Dans les deux cas, ce serait incontournable. Sauf si elle venait à s’arrêter immédiatement et qu’elle s’en allait. Mais ça, c’était impossible. Une fois qu’elle commençait et qu’elle avait dans l’idée, dès le départ, de s’oublier, nul doute que ni vent ni tempêtes ne pourraient l’arrêter avant qu’elle ne commence à ressentir réellement les effets de la triste liqueur. Même peu être après. Mais elle était encore loin de ce stade. A force d’habitude, elle était désormais capable d’aller vraiment loin.

- C’est le risque quand on vient dans ce genre d’endroit : tomber sur de bons boulets de service bien alcoolisés. D’autant plus quand on se promène avec votre physique…

A ces paroles, Leïna ferma les yeux. Elle quittait à peine une personne pour mettre fin à la discution, qu’une autre venait s’y mettre. La chance n’était décidément pas de son côté. Si tant est qu’elle l’est été un jour, bien entendu. Rouvrant les yeux en soufflant légèrement, elle s’apprêta à répondre de tel façon, qu’on la laisserait sans doute seule jusqu’à la fin de sa visite ici. Mais, étrangement, aucuns sons ne sortie et sa bouche se referma aussi vite qu’elle s’était ouverte, ne laissant en fin de compte échapper qu’un léger soupir. Finalement, peut-être n’était-ce pas si mauvais d’engager une conversation. Et puis, un coup d’œil à l’inconnu suffisait pour comprendre que, sans doute, il n’était pas là pour la mettre dans son lit. Non en fait, il lui inspirait presque confiance… Pour le moment, du moins. Qui pourrait prévoir la suite ?

- Vous en reprenez un pour m’accompagner ?

Un instant, la jeune femme observa son interlocuteur par le biais du miroir placé, en quelque sorte, face à eux. Il ne semblait ni désagréable, ni mal intentionné… Et puis, il n’était pas si mal, aussi. Et sachant qu’elle ne s’arrêterait sans doute pas à deux simples verres, surtout en prenant en compte qu’elle tenait réellement bien à l’alcool, la note pourrait s’élever à une somme plutôt conséquente pour un soir de consommation. Alors, quitte à la diminuer un peu pour obtenir le même résultat… Pourquoi refuser ? Et si jamais elle ne voulait aucunes discutions, et bien… Elle pourrait toujours refuser de prononcer quelques mots le moment venu.

- C’est si gentiment proposé…, lâcha-t-elle dans un demi-sourire tandis que le barman s’approchait pour remplir son verre. Et bien… il faut avouer que vous non plus, vous n’avez pas un physique à fréquenter ce lieu. Pour quelles raisons êtes-vous là ?

Sa question n’avait en elle-même rien de particulière. Surtout qu’elle avait été posée dans une certaine innocence, à la limite d’une voix de lassitude. Et, pourtant, elle serait sans doute l’une des plus importantes de la soirée. Car, grâce à celle-ci, elle parviendrait sans nul doute à déterminer dans quel but cette personne venait l’aborder. C’est vrai, ils avaient en apparence sans doute un âge peu différent. Donc, dans un sens, l’approche pouvait s’apparenter à une envie de drague. Mais, d’un autre côté, personne ne viendrait ici dans une telle ambiance pour venir draguer. En effet, il était certain que d’y rencontrer des jeunes femmes aussi bien faites qu’abordable était très peu probable. D’ailleurs, un léger coup d’œil alentour suffisait bien à le penser, puisqu’elle semblait être la seule ici. En même temps… Il y avait sans aucun doute meilleur endroit pour des jeunes. Quoi que. Il y avait aussi son interlocuteur, qui semblait faire exception. Mais, énigmatique, il était bien difficile de le cerner. Il n’avait en aucun cas l’allure d’un jeune homme cherchant à boire pour s’évader de la réalité. Mais, d’un autre côté… N’importe qui était capable de jouer un rôle, et la jeune femme était sans doute la mieux placé pour le savoir. Maintenant, il restait simplement à déterminer si, effectivement, il essayait de conserver un peu de fierté dans son attitude. Et pour ça… Il n’y avait que le dialogue pour résoudre cette équation bien étrange.

- En toute honnêteté, j’ai du mal à imaginer que vous soyez ici dans le simple but de boire, conclu-t-elle d’un ton léger.

A nouveau, ses propos auraient pu paraître anaudin, mais ils étaient réellement maîtrisé et chaque mot avait été choisit avec soin. Le but ? Et bien… Il n’y en avait pas tellement, en fin de compte. Ce n’était qu’une pensée à voix haute, une constations, et plus précisément une observation des premières impressions que lui laissait son interlocuteur. Ni plus, ni moins. Bien que le contraire puisse être interprété.

- Sans vouloir vous blesser, bien sûr. Ce n’est qu’une impression, après tout…

Elle avait ajouté cela, certes pas très rapidement, mais sans pour autant laisser le temps au jeune homme de placer une phrase. Elle voulait simplement prévenir, des fois qu’il le prenne mal : Après tout, elle ne le connaissait pas et ne l’avait jamais croisé auparavant. Alors, qui sait de quelle façon il pourrait réagir ? Sans doute saurait-elle se défendre mais, si elle était ici, ce n’était en aucun cas dans le but de venir y trouver quelconque querelle. Bien loin de là, même. Sans doute aurait-elle du faire plus attention avant de pénétrer ici. Elle avait plutôt espéré un lieu ou elle ne se ferait pas remarquer, et encore moins abordé. Mais, visiblement, c’était déjà en partie raté…

Lorsqu’il se pencha vers elle, le sang de la jeune femme se glaça bien que, dans un sens, elle ne bougea pas pour autant et resta même de profil, se contentant de fixer le reflet qu’offrait le jeune homme dans le miroir clair. Nul doute qu’il valait mieu pour lui qu’il ne tente rien d’inconsidéré. Car, beau ou non, elle n’hésiterait pas à se faire violence s’il le fallait, et qu’importe s’il devait y avoir un public cette fois-ci.

- J’avais cru comprendre que ce pub était un endroit sympa ... à croire qu’ici, ils ont un sens de la distraction plutôt étrange ...

Finalement, ces murmures eurent au moins l’effet de faire esquisser un sourire à la jeune femme. Léger et à peine perceptible, certes, mais sincère. Il était vrai que la façon de se divertir pour les clients, ce soir, n’était pas la meilleure à choisir si l’on voulait réellement s’amuser. Surtout si l’on avait un tempérament assez énergique. Mais, pour ce qui concernait l’actrice, c’était tout à fait le genre de divertissement qu’elle avait recherché. La drogue n’avait jamais été son truc. Et puis, il était toujours plus compliqué de se procurer de ça, et il n’y en avait jamais à porté de main lorsqu’il fallait. Elle avait déjà essayé une fois… Mais les résultats avaient été, en fait, presque désastreux et elle n’y avait depuis jamais plus retouché. Et d’ailleurs, elle ne comptait pas en reprendre un jour. Comme quoi, son apparence était trompeuse sur tout les points, ou du moins presque : elle n’avait jamais fait de chirurgie (xD).

- Comme le reste de la ville d’ailleurs. A votre tour maintenant de me dire pourquoi vous êtes venue vous perdre dans cet établissement de haut standing, ainsi que la raison qui vous a poussé à venir à Riverwood.

Un instant, elle conserva le silence. Elle ne savait vraiment pas de quelle façon répondre et, surtout, quoi dire. Mentir, ou ne pas mentir ? Les raisons de sa venu à Riverwood n’était pas nuisible, et bien loin de là même : son job n’avait rien de spectaculaire, et c’était uniquement pour ça qu’elle répondait présente dans cette ville qu’elle n’aimait déjà pas. Mais par contre, la raison de sa descente en alcool qui si jamais elle n’avait eut aucunes conversations aurait été fulgurente, l’était déjà plus.… Aucunes chances qu’elle en parle, sauf de manière peu précise et complètement détourné. La jeune femme porta le verre à ses lèvres pour en boire quelques gorgées, conservant ainsi le silence, puis reposa le verre sans un bruit, avant de se tourner cette fois-ci vers le jeune homme pour le regarder directement, et non plus par l’intermédiaire du miroir..

- Au fait, je m’appelle Ben.

Elle observa un instant le visage de l’inconnu, plongea son regard dans le sien, mais n’en tira aucunes informations bien concluante. Non, cet homme restait un mystère complet bien que, au fond d’elle, un instinct qu’elle avait à présent refoulé lui criait de faire attention et même, de l’éviter. Non, vraiment, elle ne parvenait pas à déterminer un profil à cet homme. Etait-ce parce que, lui aussi, savait parfaitement adopter un rôle ? ou bien était-ce tout simplement parce qu’elle n’était pas vraiment en état d’analyser quoi que ce soit ?... Pourtant, l’autre homme, elle l’avait analysé en quelques secondes sans se tromper. Mais lui… elle ne savait pas pourquoi, mais elle ne parvenait à rien. C’était vraiment étrange. D’un côté, elle ressentait une certaine confiance mais, de l’autre, une méfiance entièrement contradictoire. C’était, aussi loin qu’elle se souvienne, la première fois que ce type de conflit intérieur lui arrivait. Et autant le dire : elle n’aimait pas ça du tout.

- Alors enchanté, Ben. Appelez-moi Leïna, répondit-elle simplement tout en lui serrant la main.

Une fois les présentations faîtes, elle se tourna de nouveau vers le comptoir pour ne plus fixer le jeune homme, et se reconcentra sur son verre dont elle se saisit. Lentement, elle le leva. Mais au lieu de boire, elle observa son contenu comme si elle sentait quelque chose d’anormal dedans.

- Si je suis à Riverwood, c’est simplement par obligation de mon métier, lâcha-t-elle simplement, sans préciser qu’elle était actrice. Quand à ma présence dans cet endroit… Disons que, comme la plupart des humains, j’ai parfois envie de quitter la réalité.

Et sur ces mots, elle finit son verre et interpella le barman, commandant cette fois-ci une vodka. Elle passait déjà au stade supérieur mais, au moins, une chose était sûr : son verre serait vide bien plus lentement, désormais. Si elle avait prononcé le mot « humain », ce n’était en aucuns cas parce qu’elle savait à qui elle avait à faire bien que son expression, surtout utilisé ainsi, puisse prêter à confusion. D’ailleurs, elle y fit à peine attention. Non. La présence de ce mot était tout simplement dû à cette haine qu’elle nourissait, depuis quelques temps maintenant, envers sa propre race. C’était parfois idiot, mais ce n’était que pur vérité. Elle haïssait tant ce qu’ils étaient, leur comportement, leurs actes… Et se haïssait tant elle-même, qu’il lui était impossible de chérir les siens. Sans doute en partie pour cette raison, qu’elle avait fini par renoncer à cette chasse d’un gibier peu commun. Et, dans tout les cas… il n’y avait au monde qu’une chose capable de lui faire changer d’avis sur ce point. Une chose qu’elle ne pouvait pas, ou plus, avoir. Du moins, c’était de cette façon qu’elle voyait les choses. Une idée bien sombre, il est vrai. Mais, au moins, elle ne se leurrait pas et savait ce qu’elle voulait…

- Quand je suis rentré, plus tôt. Vous parliez avec un homme d’environ la quarantaine. Vous le connaissiez ?

[petite flemme de me relire, alors si y'a un truc qui va pas, fais-le moi savoir ]


Dans un sens, la jeune femme fut rassuré de la réponse vu dans quel état elle l’avait mit. Si jamais le jeune homme était venu à le connaître, nul doute qu’elle aurait rapidement fini son verre avant de décamper d’ici, et qu’importe si la grêle était toujours présente. Cette perspective l’aurait profondément énervé, bien que ça l’aurait aidé à stopper sa descente d’alcool pour ce soir. Là, au moins, elle pouvait rester à boire autant qu’elle voulait sans se préoccuper de celui qui, apparemment, s’appelait Edgar. Et le fait qu’il ne ressorte toujours pas des toilettes pour femme laissait présager que l’alcool combiné à la douleur l’avait aidé à perdre connaissance. C’était une bonne chose, ça aussi. Car lorsqu’il ressortirait, nul doute qu’il voudrait se faire justice et qu’il reviendrait à la charge. Même si, dans son état, il avait vraiment aucunes chances…

- Ce pauvre type avait besoin de parler et pas de chance, c’est tombé sur moi. Il est persuadé que sa femme le trompe ... Bref, il s’est mis dans la tête de se venger en la trompant à son tour ... une histoire sordide. Mais n’avons-nous pas tous nos histoires sordides, celles qui viennent nous hanter lorsque l’on est seul. Celles qui nous conduisent dans ce genre d’endroit.

Tous ? Vraiment ? Il avait l’air de connaître le sujet. Et puisqu’il disait « tous », cela voulait clairement dire que lui aussi, il avait un but plutôt sombre en tête lorsqu’il était venu ici, lorsqu’il l’avait approché… Le regard de la jeune femme se voila un peu plus à cette pensée. Bien sûr, il mentait. C’était pour cette raison qu’elle avait une sensation étrange en sa présence et qu’elle n’avait trouvé aucunes réponses dans son attitude ou ses yeux. C’était donc ça, ce qu’elle n’arrivait pas à définir plus tôt… C’était le mensonge. Alors, pour quelle raison pouvait-il être ici ? Sûrement pas pour les raisons qu’il avait dévoilé plus tôt. Qui serait assez idiot pour venir se divertir ici, dans une telle ambiance, simplement parce que sa télé est en panne ? Et si tant est que cela arrive, il aurait du repartir au contact de cette ambiance plutôt lourde. Non, il y avait autre chose. Une chose encore indéfinissable. Une chose… Qu’elle comptait bien découvrir, quitte à jouer un peu. Alors, finalement, son verre risquerait de demeurer plein encore un long moment. Si, bien sûr, elle le finissait entièrement un jour. En attendant, il ne fallait pas qu’elle laisse paraître quoi que ce soit sur ses doutes qui l’habitaient actuellement. Elle devait rester, même si se serait sans doute un challenge, et aborder le même comportement que précédemment…

La jeune femme soupira légèrement, comme pour chasser ces idées. Cette ville avait vraiment tendance à la rendre parano. Elle se méfiait de tout, de tout le monde, et ce à la moindre occasion. Même la plus insignifiante. Non, vraiment… Pourquoi ne faisait-elle confiance à personne ? Etait-ce par peur des autres, ou peur d’elle-même ? C’était un mystère, même pour elle. Mais, depuis cette nuit ou elle avait décidé d’arrêter ce qui était son véritable métier, il fallait bien avouer qu’elle avait de quoi se méfier. Après tout, elle était recherchée et, même si elle avait changé d’identité en cours de route, elle n’était pas à l’abri de se faire coffrer. Ou même tuer. Ou, peut-être quelque chose de pire encore. Qui pouvait prévoir sur quel genre d’énergumène elle pouvait tomber ? Assurément personne. Et, de son point de vue, faire confiance à personne l’empêchait d’attirer quelconque problème. Parce que des problèmes… Elle en avait déjà assez comme ça. Alors si, en plus, elle devait s’occuper de quelqu’un d’autre, autant dire qu’elle finirait rapidement par perdre patience. Elle avait toujours été comme ça. Et puis, elle haïssait tant les hommes… Pourquoi faire confiance à une race que l’on hait ?... Peut-être par nécessité. Quoi que… Elle s’en sortait très bien seule, non ?...

Rapidement, la jeune femme remarqua que ses pensées se contredisaient sans cesse. C’était complètement inhabituel. En temps normale, même avec l’alcool, elle restait un minimum droite et savait parfaitement ce qu’elle voulait. Mais, à nouveau, c’était différent. En fait, tout était différent ce soir. L’ambiance, les autres, elle… Ce jeune homme, aussi. Etait-ce lui, qui la troublait ? Peu probable, elle ne ressentait aucunes attirances quelles qu’elles soient. Juste deux impressions totalement contradictoire l’une de l’autre. L’une lui laissant pensé qu’elle pouvait se confier en toute liberté, l’autre l’obligeant à garder une réserve derrière une méfiance grandissante. Et quoi ? Elle ne le connaissait pas, après tout. Alors si elle parlait de quoi que ce soit… Ce n’était pas si grave puisque, une fois son travail réglé, elle repartirait sans jamais se retourner. Alors, aucunes chances de le revoir. Et puis aussi, si jamais il tentait quoi que ce soit, elle pouvait toujours se charger de son cas. Dans la limite des choses, bien entendu. Même si elle se savait capable de tuer un homme, elle n’en ressentait pas pour autant un besoin systématique. Quoi que…

Dans un réflexe certes simple, mais efficace, la jeune actrice porta le verre à ses lèvres afin de faire taire ces pensées qui en devenaient presque dérangeantes. Puis, après y avoir bu deux brèves gorgées, elle reposa la boisson sur le comptoir en fixant d’un air presque absent le bois de ce dernier. Un instant, on aurait pu croire qu’elle s’intéressait réellement à la façon dont il avait été construit, bien que la vérité soit toute autre.

- Ouai… De toute façon, c’est dans le genre humain de se sentir « doublé », et ce dans n’importe quelle circonstance. Même s’ils le sont rarement, les hommes ont parfois du mal à accepter d’être mis à l’écart. Parfois, j’ai vraiment honte de cette race qui se croit supérieur et intouchable, bien que ce soit tout le contraire…

… Et elle ne mentait pas. Elle avait réellement honte des humains et de leurs bassesses, encore plus de leur croyance et leur façon si tenace de vouloir changer leur destin, celui des autres, et même le monde tout entier dans certains cas. Et, lorsque ce n’était pas ça, il n’y avait que de l’égoïsme, de la luxure… Enfin, une intention ou un caractère peut enviable derrière. Et, si tant est qu’une rare personne ne soit pas de ce genre, et bien… Sans doute n’existait-elle qu’en rêve, en fait.

- En fait je crois que si je n’étais pas humaine, je ferais un génocide, conclu-t-elle dans un calme et un sourire presque étrange.

En disant cela, c’est à peine si elle se rendait compte quelle importance pouvait avoir cette déclaration. Surtout dit d’une façon si détaché, que s’en pouvait presque être choquant pour un homme normalement constitué. Comme si, pauvre jeune femme qu’elle était, il était tout à fait normal de faire une déclaration pareille. Déclaration qui, en outre, était d’une franchise déconcertante. Elle n’avait rien cherché à cacher là-dedans et, de toute façon, ne cherchait même jamais à le cacher. C’était une idée qui faisait depuis quelques temps maintenant partie intégrante d’elle, de ses idées. Peut-être un jour finirait-elle par mettre ça à exécution… Qui pouvait prévoir ? Personne n’était à l’abris d’une perte de contrôle. Non, pas même Dieu. Et pour preuve : A quel autre occasion aurait-il pu créer les hommes ?... Sans doute aucunes.

Effaçant peu à peu le sourire qui s’était étrangement plaqué sur son visage, l’humaine releva pour la énième fois maintenant son regard vers le miroir peu entretenu qui faisait, à cette occasion, presque office de rétroviseur. En effet, elle avait depuis le début – à une ou deux exceptions près, toujours observé son interlocuteur par l’intermédiaire de celui-ci. C’est un peu comme si, inconsciemment, elle craignait de le regarder directement. Mais, juste inconsciemment.

- Et puisque je joue la carte de la franchise, je suis persuadé que vous n’êtes pas là suite à un problème de télé. Vous avez vous-même dit que toute personne venait ici dans le but d’oublier quelque chose. En ce qui me concerne, c’est moi-même. Alors, quelle est votre raison… Ben ?

- Nous, lâcha-t-elle brutalement tandis que son expression devenait bien plus sombre.

Ce simple mot sonnait telle une sentence. Bien qu’elle ait parfaitement comprise la question du jeune homme, elle avait légèrement dévié les choses dans sa réponse. Si elle n’appréciait pas que les autres parlent inutilement, elle, de son côté, n’appréciait pas non plus le faire. Et cette fois, en particulier, elle avait tout écourté en un simple mot. « Nous ». Un mot qui voulait tout dire et qui ne cachait aucuns sens derrière. Il était clair, précis, et ne méritait pas plus ample explications pour le comprendre. Il n’y avait aucuns secrets, rien. Et, quoi qu’on puisse en dire, elle était toujours aussi franche qu’avant et n’avait en aucun cas cherché à mentir… Non, juste à dissimuler une part de vérité. Car, bien qu’elle considère les siens ainsi, elle n’en pensait pas moins des démons et autres forment de vie que, la plupart des humains, qualifierait de « science-fiction », ou encore « paranormale ». Ces créatures incestes qu’elle supportait si mal… Si elle écoutait son humeur, bien que cela soit sans nul doute contre sa véritable nature, elle réduirait en fait à néant toutes formes de vies, à ignorer les plantes et les animaux. Et, en parlant de mal supporter… Elle ne parvenait toujours pas à identifier ce qui la dérangeait autant chez son interlocuteur. Le fait que ce soit un inconnu, ou le fait que son histoire lui semble presque bancale ?... ou peut-être était-ce l’alcool, tout simplement. Pourtant, aucune chance qu’elle y croit : elle avait engorgée tellement d’alcool dans sa vie, qu’elle était assez bien placé pour savoir que ses limites étaient bien loin d’être franchi et que, en outre, ce n’était surement pas ça qui lui donnait mal à la tête et la faisait parler. La faisait parler… C’est vrai, depuis quand disait-elle autant ce à quoi elle pensait ?

Par instinct, la jeune femme devint soudain bien plus méfiante, comme si elle reprenait seulement ses esprits. Que se passait-il, dans sa tête ? Elle avait l’impression qu’elle allait exploser intérieurement dans une lutte acharnée dont elle ignorait même les combattants de cette guerre. Juste elle, ou bien… Quelque chose d’autre était responsable ? Dans d’autres circonstances, peut-être ne se serait-elle pas posé la question, ou peut-être même aurait-elle eut une réponse immédiate. Mais, cette fois-ci, la situation l’obligeait à douter. D’une part la présence de l’alcool et son état d’esprit, et de l’autre ce jeune homme qui la troublait, sans doute, inconsciemment. C’était vraiment étrange. C’est à peine si, par moment, elle avait l’impression d’être elle-même. Devait-elle partir ? C’était sans doute la chose la plus raisonnable à faire. Mais, bien entendu, elle n’était pas du genre à être raisonnable. Surtout lorsqu’elle laissait derrière elle une énigme non résolue. En l’occurrence : son trouble provenant, sans aucuns doutes, de son interlocuteur. Non, il n’y avait aucunes chances qu’elle s’en aille bien que d’un côté, sa prudence la pousse à se lever.

- En attendant, on ne va pas dire que mes propos vous choquent. En vous regardant, on aurait presque dit que ça vous amusait, lança-t-elle en se souvenant du léger sourire qu’il avait affiché. On aurait même dit que l’idée vous plaisait …

Bien que la première phrase soit réellement une affirmation, la seconde en revanche, ressemblait plutôt à une pensée à voix haute. Ce qui, d’ailleurs, était réellement le cas. D’où le fait que sa voix est sans doute semblée un peu moins forte. Mais, en fin de compte, ces propos n’étaient pas plus mal. Elle était même curieuse de savoir de quelle façon il allait réagir. Même si elle ne s’attendait pas spécialement à une réponse, elle pourrait toujours essayer d’analyser un éventuel changement d’attitude, de comportement. Ce pouvait toujours être serviable pour la suite. Et, avec un peu de chose, cela pourrait lui donner un indice susceptible de l’aider à identifier ses troubles actuels. Même si, bien sûr, elle n’y croyait pas vraiment…

- Hey, mon garçon, va t’assoir ailleurs. C’est pas ton terrain ici.

Pour la première fois depuis un bon moment, la jeune femme détourna enfin son attention de la glace à fin de regarder en direction du jeune homme. Ou, plus particulièrement, en direction de la personne située juste à côté qui venait sans aucuns doutes possible de s’adresser à lui. Il ne fallut qu’une brève seconde à Leïna pour reconnaître l’adulte de plus de quarante ans avec qui elle avait fait connaissance plus tôt. Elle aurait pourtant juré qu’il ne se relèverait pas de si tôt. Avait-elle raté son coup, ou bien le temps passait-il bien plus vite qu’elle ne l’aurait cru ? Elle n’en avait aucunes idées, elle qui ne regardait jamais l’heure. Elle se contentait toujours d’approximation mais, à première vue, il ne semblait pas s’être déroulé autant de minutes que ça. D’ailleurs, il y avait autre chose d’étrange… L’homme ne semblait plus autant sous l’emprise de l’alcool. Certes, il avait sans aucuns doutes quelques restent. Mais, aussi, il n’y avait aucuns doutes qu’il semblait avoir une meilleure maîtrise de lui-même qu’un peu plus tôt. Simple coïncidence ? Peut-être. Et de quel terrain voulait-il parler, aussi ?... La première idée de la jeune femme, en se souvenant de la première approche qu’il avait faite envers elle, lui fit aussitôt penser à un terrain de chasse. Comme s’il s’appropriait quelque chose qui ne lui appartenait pas… Elle. Le genre de chose qu’elle ne supportait vraiment pas. La possession… Et ce comportement lui donna une nouvelle preuve susceptible d’engrainer encore bien plus sa rancœur envers le genre humain. Cependant, elle ne fit rien. Elle voulait voir, à nouveau, la façon dont son jeune interlocuteur allait régler cette affaire. Après… Peut-être chercherait-elle à intervenir, elle n’en savait que trop rien. Elle allait d’abord se contenter d’observer, et n’aviserait de la situation qu’ensuite…

[HJ : puisque tu veux passer à la vitesse supérieure, allons-y ^^]

« La haine aussi, pousse à faire des choses stupides. N’est-ce pas ?... »

Ce fut ce qu’obtint Baeladroth pour toute réponse de la part de la jeune femme. En somme, une phrase bien mystérieuse et pouvant revêtir de nombreux sens : constatation, accusation, autocritique ... Décidément, Leïna savait elle aussi conserver une certaine part de mystère. Pourtant, après le départ d’Edgard, son malaise ne s’était pas dissipé. Au contraire, le démon pouvait percevoir qu’il était de plus en plus difficile à gérer pour la jeune femme. Elle avait conscience que quelque chose clochait chez son interlocuteur, pourtant elle restait avec lui, à discuter, à tenter de comprendre. A présent, un certain stress s’installait en elle, la forçant à trouver un exutoire pour ne pas perdre le contrôle. Elle alluma alors une cigarette, tirant quelques bouffées dessus. Pourtant, la " mort douce " n’eut vraisemblablement pas l’effet attendu puisque, énervée, la jeune femme l’écrasa peu de temps après l’avoir allumée. Elle se tourna alors une nouvelle fois vers Bael, le regardant droit dans les yeux pour ensuite lui lancer une question on ne peut plus directe.

« Et si on arrêtait un peu de jouer, et que vous me disiez enfin… ce que vous êtes ? »

Cette question arracha un rire étouffé de la part du démon. Toute cette franchise semblait avoir été retenue depuis un moment et elle était finalement parvenue à rompre le barrage de la politesse. Les termes utilisés, même si involontaires, en disaient long. Leïna se doutait que Ben n’était pas entièrement humain ou alors qu’il était doté d’une faculté surnaturelle. Sa paranoïa doublée de son stress l’avaient faite craquer. Elle ne pouvait plus faire semblant et avait besoin de réponses. C’était sans doute pour cette raison qu’elle avait accéléré le rythme de son enquête. A son tour, le démon fixa son regard dans celui de la jeune femme. L’ange renégat ne laissait percevoir aucune trace de crainte ou de doute. Seule l’assurance transparaissait dans ses yeux, ainsi que des milliers d’années d’expérience. D’une voix toujours aussi suave, il répondit au propos de son interlocutrice.

« Ce que je suis ??? Allons Leïna, est-ce une manière de parler convenable ? »

Il n’attendait pas de réponse à cette question ironique. Le désarroi qui s’était emparé de la jeune femme et dont il était à l’origine, ne permettait plus à cette dernière d’être courtoise. L’agacement et la désorientation de celle-ci avaient pris le dessus.

« J’ai bien senti le trouble qui est en vous. Ce dilemme, c’est une sensation qui vous est familière ... Vous vous demandez si vous devez avoir confiance en moi ou bien me craindre, si vous devez poursuivre cette conversation ou bien me fuir ... Il faut croire que vous avez choisi de rester avec moi. Est-ce du courage ou de la folie ? Peut être un peu des deux. La véritable question est : pourquoi me demander une telle chose alors que vous connaissez déjà la réponse ... Leïna ? »

Bael afficha alors un sourire séducteur, ne quittant pas des yeux la jeune femme. A présent, il n’y avait aucun doute, elle savait qu’il n’était pas humain. Serait-elle pour autant capable de deviner sa véritable nature ? Et quand bien même elle y parvenait, elle ne saurait pas sa véritable identité, connue seulement de quelques rares érudits. La discrétion dont avait fait preuve le Déchu durant tout l’Age des Hommes était telle, qu’il n’avait laissé que de rares traces visibles dans l’histoire de l’Humanité. Aucun écrits n’établissait vraiment de relation entre ses actions et les répercutions qu’elles avaient eu sur la société des mortels. Aux yeux des hommes, il n’existait pas. La plus grande force du démon réside dans le fait que l’homme ne croit pas en son existence. Ce principe, Baeladroth l’avait appliqué de manière exemplaire.

« Une chose est sûre ... ce mal-être n’est pas anodin ... Si vous êtes dotée de cette faculté de pressentir l’anormal, ça ne peut signifier qu’une chose : vous avez commis un acte qui a souillé votre âme. Et je ne parle pas d’un crime banal ... non ... je parle d’un acte lourd de sens qui vous a déchiré au plus profond de vous-même, jusqu’à atteindre votre âme ... Inutile de répondre, je sais que je dis juste. »

A présent, le trouble était lisible sur le visage de Leïna. Les propos du démon avaient fait mouche. Mais avant qu’elle ne dise le moindre mot, Bael glissa une nouvelle phrase.

« Un conseil, il est encore temps pour vous de quitter cette ville Leïna ... Si vous décidez de rester, alors ce que vous fuyez le plus vous rattrapera et vous n’aurez d’autre choix que de reprendre le rôle qui est véritablement le votre ... vous voyez de quoi je veux parler ... chasseresse ... »

[Oh, tu voulais continuer à jouer ? Okay, alors on va continuer ! Mais d’une toute autre façon, cette fois ]



- Ce que je suis ??? Allons Leïna, est-ce une manière de parler convenable ?

Cette question, visiblement à la fois ironique et hypocrite, n’arracha à la jeune femme guère plus qu’un regard dédaigneux. Aucunes craintes, juste un mépris profond. Un mépris qu’elle ne chercha pas à cacher, bien qu’elle ne fit aucunes remarques.

- J’ai bien senti le trouble qui est en vous. Ce dilemme, c’est une sensation qui vous est familière ... Vous vous demandez si vous devez avoir confiance en moi ou bien me craindre, si vous devez poursuivre cette conversation ou bien me fuir ... Il faut croire que vous avez choisi de rester avec moi. Est-ce du courage ou de la folie ? Peut être un peu des deux. La véritable question est : pourquoi me demander une telle chose alors que vous connaissez déjà la réponse ... Leïna ?

C’était dur à avouer, mais… il avait parfaitement raison. Au fond d’elle, elle savait pertinemment qu’il n’était pas humain et que, quoi qu’elle fasse, il était de son devoir de l’éliminer. Ou du moins… Autrefois. Il était également vrai que, si elle avait choisit de rester, ce n’était surement pas par confiance. Il n’y avait étrangement aucunes craintes pour autant. Juste de la méfiance. Pas de courage, pas de folie… Juste un comportement un peu suicidaire, sans doute. A dire vrai, elle-même l’ignorait. Sans doute aurait-elle dû s’enfuir depuis bon nombres de minutes maintenant et, pourtant, quelque chose la retenait ici sans qu’elle ne puisse expliquer quoi. Son verre, peut-être ? Impossible, elle n’y avait pas touché depuis un moment déjà. Alors peut-être était-ce sa curiosité doublé d’un comportement presque autodestructeur ? C’était déjà bien plus probable. Mais, dans tout les cas, chaque hypothèse restait au stade d’idée, et aucunes ne devenaient vraiment concrète. Peut-être était-ce tout simplement cette « chose » à côté d’elle, qui lui retirait toute envie de fuir… C’aurait été plutôt étonnant. Généralement, les démons s’amusaient plus d’une victime en fuite. A moins qu’ils ne cherchent à les manipuler. Etait-ce ce qu’il essayait de faire ? Ce n’était pas impossible. Mais là encore, les questions ne restaient que des suppositions. « Une minute… Qu’est-ce qu’un démon viendrait faire ici ? Et… Est-ce vraiment un démon, ou autre chose ? » Songea-t-elle doucement. C’est vrai, il n’y avait aucuns signes visibles de possession étrangère. Mais rien n’affirmait non plus que ce soit un démon. Et pourquoi une telle créature serait-elle ici ? « C’est définitif, je crois que j’ai vraiment raté un épisode dans cette foutue histoire… »

- Une chose est sûre ... ce mal-être n’est pas anodin ... Si vous êtes dotée de cette faculté de pressentir l’anormal, ça ne peut signifier qu’une chose : vous avez commis un acte qui a souillé votre âme. Et je ne parle pas d’un crime banal ... non ... je parle d’un acte lourd de sens qui vous a déchiré au plus profond de vous-même, jusqu’à atteindre votre âme ... Inutile de répondre, je sais que je dis juste.

Les quelques secondes de silence qu’il laissa troublèrent quelques peu la jeune femme. S’était-il immiscé dans ses souvenirs ? Savait-il réellement de quoi il parlait, ou bien n’était-ce que des suppositions afin de la tromper ?... Dans tout les cas, il fallait avouer qu’il avait raison. Des crimes, elle en avait commis plus d’un. Et pour preuve : elle était recherché dans un bon nombre de pays. Mais il restait vrai que l’un d’entre eux, ou disons le plus clairement son dernier en date, l’avait complètement changé. Et nul doute que la blessure ne se refermerait pas avant bon nombre d’années… Si elle se refermait un jour, bien qu’elle n’y croit guère. Et quoi de plus normal ? Qui pourrait supporter d’ôter la vie aux personnes qui lui sont le plus cher ? Assurément personne. Et dire qu’elle s’était juré de les protéger, jusqu’à payer le prix de sa vie… C’était plutôt paradoxal. Elle avait juré sur sa vie de les protéger jusqu’à la mort et, pourtant, c’était elle qui les avait tué. Comment était-il possible de se pardonner un tel acte ?...

- Un conseil, il est encore temps pour vous de quitter cette ville Leïna ... Si vous décidez de rester, alors ce que vous fuyez le plus vous rattrapera et vous n’aurez d’autre choix que de reprendre le rôle qui est véritablement le votre ... vous voyez de quoi je veux parler ... chasseresse ...

Contre toute attente, la jeune femme ne sembla pas s’inquiéter. Pas plus qu’elle ne sembla touché par ces propos tenus. Et si elle l’était, elle le cachait très bien. En fait, elle se permit même d’en sourire, et son énervement s’estompa aussi rapidement qu’il était arrivé. C’était si idiot… Elle se sentait à peine concerné dans cette histoire. Elle, redevenir chasseuse ? C’était complètement impossible. Et si un jour elle reprenait les armes, se serait uniquement dans une situation ou la vie des autres ne tiendraient qu’a un fil. Et encore, c’était peu dire. Elle serait même sans doute capable de les laisser y passer sans chercher plus loin, et en particulier si le drame ne se passait pas devant elle. Alors, de là à dire qu’elle prendrait part dans cette guerre, ça la faisait doucement rire. Elle, qui n’avait déjà plus chassé depuis si longtemps… Non, vraiment, elle trouvait presque ça amusant. Car, sans doute, celui se faisant passer pour un humain dans ce bar songeait-il qu’elle redeviendrait ce qu’elle était sous peine d’y laisser la vie. Et dans ce cas, il faisait erreur sur toute la ligne. Jamais, en vingt et une années d’existence, elle n’avait prêté quelconque importance à sa vie. Et ce n’était sûrement pas maintenant que ça changerait. Non, sûrement pas après ce qu’elle avait fait…

- Comme j’ai déjà dit, je suis ici uniquement pour faire mon job, rien de plus. Et ce job… N’a plus rien à voir avec votre monde. Maintenant, si vous croyez que je vais reprendre ce que vous pensez être mon « véritable rôle », vous vous trompez sur toute la ligne.

Elle esquissa de nouveau un léger sourire et se saisit de son verre pour le porter à ses lèvres. Puis, après avoir bu quelques gorgés, elle le reposa tranquillement et ne sembla pas plus déranger que ça de converser en compagnie d’un démon.

- Je crois que vous vous êtes trompez de cible en venant me voir, vous devriez passer votre chemin. Toutefois, je serais curieuse de savoir ce qui vous amène ici. Je savais que les "moutons" de votre genre avaient beaucoup de temps libre, mais j’aurais jamais imaginé qu’il soit utilisé aussi futilement. C’est presque décevant…

Ce disant, elle avait fini son verre et l’avait légèrement décalé sur le côté, sans doute pour montrer qu’elle ne toucherait plus à l’alcool pour ce soir. Puis, maintenant qu’elle savait à qui elle avait faire, elle se mit contre toute attente à le regarder directement au lieu de passer par l’intermédiaire de la glace derrière le comptoir. C’était presque étrange. Alors que sa nature de démon devrait pousser à ne pas le fixer, la jeune femme elle, faisait tout le contraire. D’ailleurs, elle contredisait toutes les règles élémentaires qu’on lui avait enseignées depuis le début. Et le simple fait qu’elle reste ici à discuter le prouvait bien assez clairement.

- J’ignore la raison de votre approche, mais vous perdez votre temps avec moi. Vous aurez mieux à faire en cherchant quelques chasseurs qui exercent encore, et je suis sûr qu’il y en a quelques uns dans le coin puisque vous êtes ici… Enfin, je m’en contre-fou, c’est votre problème après tout, ajouta-t-elle avant de se retourner vers le comptoir.

Aux explications fournies par le démon, la jeune femme eut de nouveau un léger sourire. Elle se savait un don pour la manipulation, mais elle n’aurait jamais pensé qu’il puisse lui servir d’aussi bonne façon face à un démon. Une preuve que cet être n’était pas aussi accomplit qu’il semblait le croire. A moins qu’il ne fasse exprès… Non, il ne le faisait pas. Ses croyances dans les êtres humains qu’il n’estimait que peu, voir même pas du tout, l’avait embarqué sur un chemin plutôt dangereux. Et la jeune femme s’en amusa complètement. Désormais, elle avait confirmation qu’il ne voulait pas d’elle ici… ou du moins, pas en tant que chasseuse. Plus important encore, elle avait aussi confirmation que, comme elle l’avait pensé, cette ville abritait un nombre étonnant de chasseurs. Et de toutes générations confondues. Mais le plus important… Résidait dans les raisons de sa présence. Bien sûr, elle aurait aimé qu’il réponde de manière plus précise. Mais elle allait devoir s’en contenter pour le moment, et ce même si elle n’était pas réellement satisfaite. Elle était réellement curieuse de connaître les raisons de sa présence. Et les raisons exacts, cette fois-ci, avec les détails. Et rien que pour ça, même si ce pouvait paraître irréfléchi, elle ne quitterait pas ce bar avant d’en avoir obtenu les réponses. Il n’était pas un démon de sous-ordre ? Bien, ça donnait déjà une idée de son envergure. Mais quel genre de démon pouvait-il être ? Elle avait beau fouiller sa mémoire, elle avait du mal à trouver un nom. Et puis, la prochaine fois, elle se renseignerait avant d’accepter n’importe quels lieux de tournage. Au moins, ça lui éviterait bien des problèmes.

Les derniers mots de son interlocuteur la troublèrent. Cependant, elle n’en montra rien et fit mine d’ignorance, comme depuis quelques minutes déjà en fait. « A quoi il joue, au juste ? » fut la seule question qui vint immédiatement à l’esprit de l’actrice. Car, il fallait l’avouer, elle avait du mal à saisir. Un fracassement de métal vint troubler la conversation. Quelques secondes plus tard à peine, une personne entra en courant dans le bar pour venir y réclamer de l’aide. Mais l’humaine, et tout comme le démon d’ailleurs, ne bougèrent pas. C’est d’ailleurs à peine si Leïna avait sursauté. C’était si idiot… Mais quelque chose la laissait penser que cet accident n’était pas un hasard. Premièrement parce que ce bar n’était pas situé dans un virage, et secondement…

- Boire ou conduire, il faut choisir.

… Pour ça. Cette expression, accompagné de cette phrase, suffisait à la jeune femme pour qu’elle laisse place à bien plus qu’une simple hypothèse quand à l’implication du démon dans cet évènement. Et bien qu’elle ait envie de lancer une remarque là-dessus, elle préféra conserver le silence afin de ne pas risquer d’envenimer la situation.

- Vous pensez réellement ne pas être un mouton, hein ? C’est pathétique. Ceux de votre espèce maintiennent la même chose et pourtant, ils finissent tôt ou tard par changer d’avis. J’espère qu’en ce qui vous concerne, ce ne sera pas tard… Quoi que…, lâcha-t-elle d’un ton complètement détaché avant d’afficher de nouveau un sourire. Je serais même prête à parier que vos… « Supérieur », vous font tellement confiance qu’ils ont dépêché d’autres pions afin de s’assurer un résultat. Et vous pensez vraiment tout contrôler ? C’est pathétique…

Cherchait-elle à le provoquer ? Peut-être. Après tout, elle était aussi curieuse de savoir jusqu’à quel point il saurait garder son calme, quitte à y laisser un peu de sang… Ce prix ne serait pas un problème, tellement elle y accordait peu d’importance. Du moins, ce n’était plus un problème depuis qu’elle les avait perdus… « Allez, dis-le plus clairement : assassiné. C’est tellement plus réaliste… » Ragea-t-elle intérieurement l’espace d’une seconde. Peut-être étaient-ils partie dans un monde meilleur et devrait-elle s’en réjouir. Mais elle avait tellement de mal à s’en convaincre… Et quoi de plus normal ? Après tout, elle avait plus de facilité à croire aux enfers qu’au paradis…

- En fait, je crois que vous êtes aussi minable que tous ceux que j’ai pu croiser jusque là, envoya-t-elle avant d’hausser les épaules. Sans doute pour ça, que je suis encore assise ici.

A quoi jouait-elle ? Cherchait-elle définitivement à mourir ?... C'est sans doute ce qu'on aurait pu croire en d'autres circonstances. Mais, pour l'heure, elle avait bien d'autres choses en tête. Des choses bien plus importantes, et d'un tout autre registre...

[Gomen, je pensais pas ça ferait si long xD]


Lorsque le sourire du démon s’effaça, la jeune femme cru un instant qu’elle allait parvenir à l’obliger à se faire violence. Elle fut surprise qu’il ravale aussi bien son orgueil et, par cet acte, comprit rapidement que son expérience n’était pas négligeable. Sans doute au moins autant que ses capacités, d’ailleurs. Bien que, étrangement, ce soit plutôt l’expérience qu’elle craigne. Elle-même ne parvenait pas à le comprendre. Elle avait bien essayé, mais ce fut en vain. Et ce comportement, elle l’avait depuis bien jeune. Depuis sa première chasse, en fait. Même ses parents n’avaient jamais compris… Non, personne. Pas même elle. C’était vraiment… Dérisoire. Mais il y avait bien pire que ça. Il fallait bien avouer que, niveau incompréhension, l’actrice n’avait pas besoin d’aller chercher bien loin. Toute une vie ne suffirait pas pour qu’elle se comprenne elle-même. Oh, elle avait bien des intuitions, des idées… Mais rien de précis, rien de concret. Elle savait pourtant que chercher des réponses à ce genre de choses était peine perdue mais, au fond d’elle, quelque chose la poussait à vouloir tout comprendre bien qu’il y est des choses qui ne s’explique pas. Elle en était bien consciente, mais… Disons plus simplement que c’était sa nature. Elle était comme ça, et rien ne pourrait la changer. Et en parlant de changement, maintenant qu’elle y pensait, elle était toujours restée elle-même. Même dans les pires situations. Même après ce qu’elle avait fait. Ne prendrait-elle donc jamais rien au sérieux ?...

Lorsque le démon parla de « tout contrôler », la jeune femme ne put s’empêcher de retourner dans ses pensées. Il y avait tellement de sujets de réflexion possibles suite à une telle conversation, qu’elle s’en perdait presque. Cependant, elle ne perdait en aucun cas sa méfiance et son attention ne se détournait pas une seconde de son interlocuteur. Ce n’était pas vraiment consciemment, en fait, mais plutôt un réflexe. Si elle avait bien reçut des leçons dans sa vie, celle de ne jamais baisser sa garde et ce, quelque soit les situations, en faisait bien partie. Peut-être pour cette raison, qu’elle ne s’aventurait pas trop loin dans ses pensées. Mais là, à nouveau, ce n’était qu’une hypothèse. Et puis… Elle ne cherchait plus à se comprendre, maintenant. Pas plus qu’elle ne cherchait à se remettre en question de temps à autre, d’ailleurs.

- Je connais ceux qui m’engagent ainsi que leurs méthodes et j’imagine aisément qu’il est possible que je ne sois pas le seul sur cette affaire. Mais j’aime la compétition, ça ne me pose donc aucun problème. En plus, ils sont un peu de la famille. La famille ...

Alors comme ça, elle avait vu juste. Il y avait bien d’autres créatures dans les parages. Et d’après ses dires, de tout niveau et en quantité non négligeable. C’était presque surprenant. Généralement, elle avait entendu dire que les démons et autres genre d’espèce relevant du surnaturel n’appréciait pas tellement se partager un territoire. N’était-ce que des idioties ? Ce n’était pas impossible, mais elle avait du mal à l’envisager. Alors, quel genre de scénario pourrait attirer autant de monde dans cette foutue ville ? Car s’il y avait autant de créatures, il y avait sans aucun doute autant de chasseur. Cette ville était un vrai gruyère… Sans doute aucune chance de faire une rencontre normale, même si les apparences pourraient le laisser penser. Quel genre de scénario pouvait bien tous les ameuter ici… Et là, d’un coup, la jeune femme eut comme un déclic. La dernière fois qu’elle avait entendu parler d’un pareil rassemblement –et la seule fois d’ailleurs, il avait été question d’extinction de la race humaine. Non… C’était idiot. Si c’avait vraiment été le cas, qu’est-ce qu’elle faisait encore ici ? Elle, et tout les autres humains. N’était-ce qu’une légende, ou quelque chose les avait-il repoussés ? Elle n’en avait pas la moindre idée. Mais si ce n’était pas une simple légende, et que cette ville serait le point de départ d’un future proche apocalyptique, c’était complètement fichu. Elle qui avait espérer tomber sur une ville tranquille pour faire son travail, tout laissait indiquer qu’elle s’était bien plus que simplement trompé. En fin de compte, peut-être ne finirait-elle-même pas le film. La prochaine fois, elle se renseignerait d’avantage au lieu de foncer tête baissé. Même si, peut-être, n’y aurait-il pas de prochaine fois.

- ... visiblement, les réunions de famille ne sont plus un souci pour vous. Si peu d’attachement à la vie ne peut que signifier que vous en êtes dénuée. Oh ... mais j’y pense ... tout ceci n’aurait-il pas un lien avec cette horreur que vous avez commise par le passé et qui a damné votre âme ? Il semblerait que ce soit un récit intéressant ... mais peut être pouvez-vous m’en dire d’avantage Leïna ?

Leïna releva immédiatement la tête. Tel que c’était partie, elle se ferait avoir à son propre jeu. Pourtant, son attitude fut de nouveau contradictoire avec tout ce qu’elle pouvait penser ou ressentir. Elle commença par sourire et, finalement, se permit même de laisser échapper un léger rire. Non, vraiment, elle était incapable de prendre quoi que ce soit au sérieux… sauf lorsqu’elle était seule. Mais ça, c’était une toute autre histoire. Pour le moment, elle devait rester concentré sur son interlocuteur, et ce au moins tout autant que sur la conversation. Elle avait réussit à soutirer pas mal d’information pour le moment, et visiblement sans que le démon ne s’en rende vraiment compte. Il avait fait office d’une excellente source d’information pour elle, qui débarquait à peine à Riverwood. Et, peut-être, il continuerait ainsi. C’était du moins ce qu’elle espérait.

En attendant, il restait vrai qu’elle avait bien peu d’attachement à la vie. Mais elle n’en avait pas plus à la mort. Il restait vrai, aussi, que la famille n’était plus un problème pour elle. Mais ça… Ca n’avait plus été un réel problème déjà bien avant qu’elle n’y mette un terme définitif. Maintenant qu’elle y pensait, c’est vrai qu’elle avait déjà brisé ses liens avec ses parents avant de briser le dernier, bien plus tard, qui était celui de la vie. Mais c’était sans doute trop compliquer à expliquer pour un démon. S’il cherchait un sujet aussi sensible que déstabilisant, celui qu’il venait de choisir n’était pas le meilleur qu’il pouvait trouver. Mais ça… il n’était pas utile de le préciser.

- C’est vrai, ce n’est plus un problème. Mais ne croyez pas que vous pourrez m’influencer aussi facilement, lâcha-t-elle à la fois sérieuse et amuser, afin de lui faire comprendre qu’elle avait comprise son jeu. C’est difficile de faire parler l’interlocuteur lorsqu’il à un tempérament tout aussi manipulateur que le sien, n’est-ce pas ? Comme c’est dommage…

A cette déclaration, elle laissa volontairement un silence s’installer. C’est vrai. Depuis le début, le malaise qu’elle avait eut du mal à identifier venait de là : l’influence extérieur. Elle avait fini par le comprendre au fil de la conversation et en analysant les mots dans leur moindre détail. Elle avait dés lors commencé à remarquer une faiblesse à parler que, habituellement, elle n’avait pas. C’a n’avait pas été facile, il est vrai. Et même si le démon venait à la contredire, elle était bien trop bornée pour changer d’idée. Pour elle, ce n’était déjà plus une simple hypothèse, mais un véritable constat. Etait-il donc si faible pour obtenir des informations, qu’il devait user de ses pouvoirs pour en soutirer quelques unes ? Cette attitude et cette faiblesse en venait presque à faire pitié à l’humaine, dont le regard avait visiblement changé bien qu’il garde encore une part sombre et indéchiffrable. Mais même consciente, et bien qu’elle puisse maitriser ses mots et ses déclaration, cette puissance extérieur l’obligeait tout de même à parler. Certes, c’était désagréable, mais c’était bien plus supportable qu’au début. Alors, même si une partie l’obligeait… Elle ferait comme si elle parlait de plein gré. Après tout, elle cherchait encore et toujours à savoir jusqu’ou allait les limites du calme apparent de ce soit disant jeune homme.

- Je les ait tué, lâcha-t-elle dans un sourire presque sadique bien qu’il ne soit pas entièrement visible. Et je dois avouer que ça fait plutôt du bien. Alors, si j’ai tué ce que d’autres aurait appelé « famille », imaginez ce que je suis capable de faire…

A ces dires, son regard sembla briller d’une flamme nouvelle. C’était presque comme si elle pensait réellement tout ça. Et ce n’était d’ailleurs pas entièrement faux. Deviendrait-elle une future cible pour les autorités et les profiler ? Peut-être, bien qu’elle en doute. Mais, après tout, elle n’était à l’abri de rien. Et les grands tueurs étaient tous nés comme ça : dans un premier crime auquel, malgré eux, ils avaient éprouvé satisfaction. C’était idiot… Elle se savait parfois lunatique mais là, ses pensées défiaient tout entendement. Depuis quand songeait-elle à ce genre de truc ? Vraiment, elle se savait bas mais là, elle était sans doute sous terre si elle se mettait à réfléchir tel un psychopathe. Mais quoi qu’il en soit, elle avait bien d’autre chose à faire que se sermonner pour le moment.

- Si vous voulez, je peux même vous dire comment je m’y suis prise. Mais je doute que ça vous fasses réellement plaisir puisqu’au passage, j’ai supprimé l’un de vos frères, ajouta-t-elle avant de fixer son regard dans le sien. Je me demande bien de quelle façon je m’y prendrais pour vous si l’envie de meurtre me prenait à nouveau… Vous êtes plutôt chanceux, je n’en ai pas l’envie pour le moment. Mais qui sait ? Après tout, la nuit ne fait que commencer… Non ?

[Pas de soucis ... et désolé à mon tour pour ce post un peu short]

Le crime de Leïna était donc le parenticide. Visiblement, elle n’en éprouvait aucun remord. Au contraire, elle jouait avec le démon en lui racontant son exaction, n’oubliant pas de le menacer au passage. Encore une fois, elle cherchait à le retrancher dans les limites de sa patience, le ridiculisant par ses propos et lui avouant clairement qu’en tuant ses parents, elle avait en même temps éliminé un démon. Pourtant, cette dernière révélation n’eut aucun effet sur Bael : la mort d’un démon ne l’affectait pas car peu étaient nombreux les démons qui lui étaient affiliés. Pour terminer, elle se disait même de taille à éliminer son interlocuteur.

Le parenticide ... Bael aurait été mal placé pour lui faire le moindre reproche. Après tout, lui-même était un démon pour la même raison. Il avait osé se lever contre son Créateur afin de prendre sa place, et pour ça, il avait été prêt à l’éliminer. Aujourd’hui encore, il ne regrettait pas son acte tout comme Leïna semblait le dire. En revanche, le démon devait avouer qu’il avait échoué là où la jeune femme avait réussi ... même si les conditions n’étaient pas vraiment comparables. Cette similitude entre eux fit sourire le Déchu intérieurement. Qui aurait pu dire qu’un démon de son ordre et une mortelle puissent avoir un point commun ?

« Finalement Leïna, vous semblez avoir plus de points communs avec les créatures surnaturelles qu’avec les humains ... »

Baeladroth marqua une pause pour que ses propos aient plus d’impact, puis il rajouta d’une voix faussement compatissante les conséquences que cela entrainait.

« ... J’imagine que malgré le peu de peine que ce geste semble vous avoir causé, il ne doit pas être évident de déjà connaître la fin de votre film ... la Damnation Eternelle. Il faut être honnête : le meurtre de vos parents vous a marqué du Sceau de l’Infamie. A votre mort, il n’y a que les Enfers qui vous attendent ... vous vous savez déjà condamnée. Quelques soient les divers actes que vous exécuterez pour vous racheter, il n’y a pas d’espoir ... pas d’échappatoire. C’est ça qui vous pousse à agir de manière aussi dangereuse : vous n’avez plus rien à perdre, pas même votre âme. »

Baeladroth se leva alors de son tabouret pour se diriger d’un pas détaché vers la sortie, laissant Leïna derrière lui. Il se voulait désinvolte par rapport à ce qu’il venait de dire, tout en espérant que la jeune femme réfléchissait à ces dernières phrases. La promesse d’une éternité de tourment ne pouvait laisser personne indifférent, pas même le plus fou des hommes ou le pire des criminels. Si pour elle c’était une révélation, alors elle devait être sous le choc. Si au contraire, elle en avait déjà conscience, cela ne ferait que raviver les doutes et l’angoisse de la fin. Juste avant de sortir du bar, le démon se retourna, adressant un dernier sourire à Leïna avant d’ajouter :

« Mais maintenant que j’y pense ... il existe une échappatoire. Au lieu de subir la Damnation Eternelle, pourquoi ne pas la servir ? Je vous laisse y réfléchir. Si toutefois, vous étiez intéressée, je saurai vous trouver ... »

Lorsqu’il énonça le fait qu’elle semble avoir plus de point commun avec les créatures surnaturelles qu’avec les humains, la jeune femme ne put s’empêcher de sourire. Il n’avait pas tout à fait tord. Et en passant le film de sa vie à vitesse grand V dans sa tête, elle ne trouva d’ailleurs aucuns moyens de le contredire. Elle se rendit même compte que, cette question, elle se l’était souvent posé. Elle avait même fini par comprendre que, de son point de vue, la seule chose qui lui permettait de garder un côté vraiment humain avait été ses chasses et, accessoirement, ses sentiments. C’était complètement stupide… Mais c’était la vérité. A y repenser, elle s’en amusait même, surtout en sachant que, après tout ce qu’elle avait vécu, elle pensait encore de la même façon aujourd’hui. Elle n’avait pas changé… S’en était presque triste. Cependant, elle ne chassait plus. Etait-ce pour ça qu’elle était devenue bien plus sombre qu’avant ? Ce n’était pas impossible. Mais quoi qu’il advienne, elle savait qu’elle continuerait de se moquer d’elle-même sans retenue, et sans détours…

Cependant, elle sembla redevenir un peu plus sérieuse lorsqu’il lui énuméra les conséquences de son acte. Bien sûr, elle en avait déjà conscience. Et à nouveau, sans qu’elle ne parvienne à analyser s’il venait de le faire volontairement ou non, les paroles du déchus atteignirent la jeune femme au plus profond d’elle-même. C’était ce sujet-là, sans aucun doute, qui l’affectait le plus… Bien qu’elle n’en laisse rien paraître. Ou du moins, aux yeux des mortels, et c’était le plus important. Il avait entièrement raison : si elle ne prenait rien au sérieux, si elle agissait avec autant de témérité et qu’elle plongeait généralement dans toute chose susceptible de la mettre en danger de mort, elle le faisait sans réfléchir aux conséquences. Sans le vouloir, le démon à forme humaine venait de donner la réponse qu’elle avait cherchée depuis si longtemps… La réponse à son comportement presque désinvolte. La réponse à cette incompréhension qu’elle avait parfois d’elle-même. Au fond d’elle, elle l’avait toujours su. Mais sans jamais avoir assez de force pour y croire. Et maintenant que cette créature lui faisait la remarque… C’était une évidence. Elle ne pouvait plus échapper à la vérité et, un instant, elle du faire de grands efforts pour maintenir son calme apparent. « L’Enfer, hein ?... »… C’était bien possible. D’ailleurs, elle n’avait même aucuns doutes que ce serait sa seule destination. Et même si elle affirmait que c’était sans aucunes importances, elle ne parvenait pas pour autant à y croire. En même temps, elle avait toujours cru aux Enfers, mais jamais au paradis. Allez comprendre…

- Mais maintenant que j’y pense ... il existe une échappatoire. Au lieu de subir la Damnation Eternelle, pourquoi ne pas la servir ? Je vous laisse y réfléchir. Si toutefois, vous étiez intéressée, je saurai vous trouver ...

- C’est une offre plutôt intéressante, avoua-t-elle sans trop de réserve. Cependant, je n’ai aucune intention de servir qui que ce soit, si ce n’est moi-même. C’est d’ailleurs la seule raison.

Ces répliques lui avaient échappés sans qu’elle n’ait le temps de vraiment comprendre. Généralement, elle regrettait d’avoir ce côté impulsif bien que mesuré dans ses conversations mais, cette fois-ci, elle ne nia pas regretter aucuns de ses propos. Elle le pensait réellement, alors pourquoi regretter ? Il n’y avait aucunes raisons. Suite à cette déclaration, elle tourna la tête vers celui se faisant passer pour un mortel qui n’avait pas encore franchit la porte, un léger sourire en coin.

- Ceci dit, je veux bien vous laisser une chance de me convaincre… A vous de trouver comment.

Au moins, les choses étaient claires : il y avait un moyen de la convaincre, et si elle ne savait pas complètement lequel, elle en avait au moins une idée. Mais, toute fois, il était aussi clair que s’il n’y parvenait pas, elle ne chercherait en aucuns cas un moyen d’elle-même et que, en outre, elle serait encore susceptible de rejoindre les chasseurs à un moment donné. Tout avait été dit dans cette frase si simple. Et elle avait toujours été quelqu’un de parole. Alors, s’il venait à trouver le moyen… Elle ne chercherait aucunes excuses, et ne montrerait aucunes résistances. Cependant, s’il cherchait à la forcer, inutile de préciser qu’elle pourrait aller jusqu’à essayer de l’éliminer. Elle avait des règles à respecter. Ses règles. Et jamais, quelque soit la situation, elle ne chercherait à les enfreindre. Après tout, comme il l’avait si bien dit… Elle n’avait plus rien à perdre.

La jeune femme écouta attentivement le démon, et ce sans le quitter du regard. Si elle était joueuse, elle était bien loin d’être naïve et, s’il cherchait à l’évincer, elle le remarquerait aussitôt. Ceci dit, elle serait également parfaitement capable de le laisser mener ce jeu sans rien laisser paraître de ses soupçons, afin de s’assurer une bien meilleure vengeance. La rancune… C’était un parfum qui l’habitait depuis bien longtemps maintenant. Elle ne s’en était jamais débarrasser et, en réalité, n’avait jamais cherché à le faire. Et quel meilleure moyen de s’assurer des résultats, que celui de se rapprocher de sa cible ?... Les démons pensaient-ils comme ça ? Celui qu’elle avait en face d’elle, réfléchissait-il de la même façon ? C’était bien possible. Et il était hors de question qu’elle écarte cette hypothèse. Si elle n’avait rien à perdre dans sa vie humaine, elle ne comptait pas pour autant se faire avoir « une seconde fois ». Cependant, il était certain qu’elle s’en donnerait l’apparence. Mais un homme à dit un jour, « les apparences sont bien trompeuses ». C’était parfaitement réelle, et applicable autant pour elle que pour son interlocuteur loin d’être humain.

Toutefois, il venait de voir juste au moins sur une chose : si elle ne recherchait pas le pardon, il y avait une chose pour laquelle elle était prête à faire tout ce qu’elle pouvait, quitte à se condamner pour l’éternité. Cette chose, elle ne pouvait l’avoir qu’auprès de ses défunts parents. Du moins, c’était ce qu’elle croyait… ou plutôt espérait. Celui qui était loin de servir la cause des humains venait-il de trouver une façon de la convaincre ? Ce n’était pas impossible. Il était en tout cas sur une bonne voie et, comme elle n’avait qu’une parole, elle ne chercha en aucun cas à l’emmener sur de fausses pistes. Pas plus qu’à mentir.

- On dirait que c’est plutôt bien partie… Mais ce n’est pas encore tout à fait correct. Je vais donc vous laisser une seconde chance. Non pas que ce soit par arrogance. Mais vous me plaisez assez, et vous avez de bonnes bases…

Sur ses dires, elle se leva à son tour avant de s’éloigner du comptoir, et ce sans poser d’argent. Après tout, il n’y avait plus personne dans la salle, tout le monde était dehors à contempler l’accident comme s’il s’agissait d’une attraction d’importance. Alors, dans un mouvement simple, elle remit la capuche sur sa tête avant de se diriger vers la porte de la même façon que l’avait le démon une minute plus tôt.

- Je vais donc vous laisser jusque demain, même heure. Je ne doutes pas que vous saurez me trouvez si vous avez réponses à cette seconde chance, alors… Inutile de vous préciser où je serais, lança-t-elle calmement.

Les sirènes d’ambulance se faisaient désormais entendre, accompagné de celle des autorités. Et si elle venait en fait à quitter le 7/24, c’était uniquement pour ça. Les autorités… Elle ignorait si quelqu’un du coin saurait la reconnaître et, de fait, préférait ignorer toute rencontre avec eux. Sait-on jamais… Et si jamais elle n’était pas reconnue ici, elle ne comptait attirer l’attention afin de l’être. Alors, autant déserté avant qu’on ne l’aborde, même en cas de témoin.

- Si vous avez quelque chose à ajouter… C’est maintenant, annonça-t-elle dans un demi-sourire après s’être arrêté sur le seuil de la porte.

Elle n’attendait pas tellement de réponse, mais elle ne voulait rater aucunes possibilités de renseignement. Alors même si elle allait partir, elle ne voulait pas gâcher les dernières secondes de cette entrevue qui venait d’être bien enrichissante. Maintenant qu’elle y pensait… Elle commençait presque à aimer cette ville. Peut-être trouverait-elle enfin sa place ? Elle l’espérait… Et si elle ne la trouvait pas en tant qu’humaine, elle n’hésiterait en aucunes façon à changer de monde. C’était sûrement stupide. Mais même si elle aimait cette liberté totale qu’elle avait… Non, elle se leurrait. Sa liberté n’était pas totale. Et ça… A cause d’elle-même. A nouveau, c’était quelque chose de stupide. Les limites de sa liberté n’était même pas infligé par l’extérieur, mais par son propre comportement. Vraiment… Qui pourrait être assez idiot pour discuter ainsi avec un démon et, qui plus est, lui laisser une chance de la corrompre définitivement ? Si toute fois, elle ne l’était pas déjà…